Usage du nom Gbagbo : au-delà du juridisme, un chagrin mal assumé…





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Le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire a produit un communiqué consécutif à l’interview accordée par l’ancien Première dame Simone Ehivet à la chaîne française France 24. Comme un cheveu qui tombe sur la soupe, ce communiqué qui fait des précisions sur l’utilisation du patronyme Gbagbo, pue le règlement d’un différend conjugal qui vient une fois de plus rallumer le mélodrame politico-conjugal auquel les Ivoiriens assistent depuis le retour en Côte d’Ivoire de l’ancien chef de l’État en juin 2021.

Si l’on est tous d’accord que Simone ne doit pas utiliser le nom de son désormais ex-époux si elle n’en a pas formulé la demande conformément à la loi, il y a aussi lieu de s’interroger sur l’opportunité de la production de ce communiqué. Le divorce de Laurent Gbagbo d’avec Simone est intervenu officiellement en juin 2023. Depuis donc cette date, Simone ne devrait plus utiliser le nom Gbagbo. Et pourtant, depuis cette date, Dieu seul sait combien de fois l’ex-Première dame a utilisé ce nom, sans qu’il n’y est la moindre réaction de la part de son ancien mari et de son parti. L’on sait aussi qu’après son divorce, Laurent Gbagbo a officialisé et légalisé son union avec Nady Bamba dans le mois d’août 2024. Fait du hasard, c’est au lendemain de ce remariage que les panafricanistes des lagunes ont constaté que l’utilisation du nom de leur président peut semer la confusion dans les esprits. Le communiqué du PPA-CI n'est donc pas fortuit. Me Habiba Touré qui a signé ce document, est une femme.

Elle doit connaître les méandres du chagrin d'amour que les Ivoiriens appellent communément « Goumin ». Le communiqué du PPA-CI a toutes les visées, sauf la politique. Depuis leur divorce intervenu en juin 2023, Simone a continué d'utiliser le nom Gbagbo dans toutes ses sorties officielles et sur tous ses instruments de communication, sans que cela n'émeuve les spin doctors du Woody de Mama. Depuis leur divorce, les communicants du PPA-CI savaient pertinemment que Simone continuait d'utiliser le nom Gbagbo. C'est d'ailleurs, ès qualité qu'elle a présidé la réunion du 9 août au siège du PDCI-RDA où le même PPA-CI a signé la déclaration de l'opposition à cette date.  Alors, pour parler comme les Ivoiriens, de quoi parle au juste le texte ? Il est vrai que du point de vue de la loi, Simone n’a plus le droit de porter le nom Gbagbo, si elle n’en a pas formulé la demande en bonne et due forme devant le juge. Or, elle le faisait bien avant le dernier communiqué du PPA-CI. Pourquoi c’est seulement au lendemain des nouvelles noces de son président que le PPA-CI s'est rappelé que l'on ne doit pas faire de confusion avec le nom Gbagbo ?  Le nom Gbagbo n’est pas un patrimoine politique, mais familial. Pourquoi c’est le PPA-CI qui s’offusque, tandis que le vrai propriétaire du nom ne dit aucun mot ?

Il ne faut pas se voiler la face. Le dernier communiqué du PPA-CI tire sa source dans la guerre des femmes de Gbagbo. Nadiani Bamba, désormais Madame Nadiani Bamba, Épouse Gbagbo, a le brassard. Elle est donc certifiée Gbagbo. Désormais, c’est elle qui détient le ‘‘certificat Gbagbo’’ parce qu'avant elle, il y a d’abord la Française Jacqueline Chamois, la mère de Michel Gbagbo et tout dernièrement, Simone Eihvet, la dame de fer de Bonoua. Pour paraphraser l’artiste Josey, Nady Bamba a obtenu son ‘‘diplôme’’ après beaucoup d'années de sacrifices dont des décennies dans une bruyante clandestinité.  Personne ne peut permettre à une ex-épouse de continuer d'user et de jouir d’un nom acquis de haute lutte. 

Si c’était Laurent Gbagbo lui-même ou Mme Nadiani Bamba, épouse Gbagbo qui avait produit un tel communiqué, beaucoup auraient trouvé à redire. Faire porter cette responsabilité par un parti politique n’est qu’un épais écran de fumée pour dissimuler un chagrin d’amour mal assumé. Sinon, si le PPA-CI devait faire un éclairage sur l'utilisation du nom Gbagbo pour éviter une quelconque confusion, ce n'est pas en septembre 2024. Il y a longtemps Simone utilise le nom. Mieux, le cas de Simone n’est pas le seul en Afrique. En Afrique du Sud, après leur divorce en 1998, Nkosozana Dlamini Zuma a continué d'utiliser le nom de son ancien mari. Même s’ils appartenaient au même parti politique, cela n’a pas été un frein pour l’élection de Jacob Zuma en 2009 et 2014 à la tête de la nation arc-en-ciel. Un nom aussi célèbre soit-il, ne peut pas semer la confusion dans les esprits des populations comme tentent maladroitement de le faire croire les communicants du PPA-CI, encore moins empêcher quelqu'un de revenir au pouvoir. Si l’on était au football, l’on peut dire que nous jouons les arrêts de jeu de la guerre des femmes de Gbagbo qui enregistre la victoire sur le fil de Nady Bamba. Le reste n'est que subterfuge et enfumage. Et rien d'autre.

Bernard KRA



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