Cette commémoration a réuni les deux institutions ainsi les familles des disparues
La Côte d'Ivoire a commémoré, le jeudi 5 septembre 2024, la Journée internationale des personnes disparues, célébrée le 30 août de chaque année. Cette commémoration, organisée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et soutenue par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), s'est tenue au Centre pilote de Port-Bouët.
« Cette journée vise non seulement à informer et sensibiliser les populations sur l’importance de la question des personnes disparues, mais aussi à appeler les États et les organisations nationales et internationales à poursuivre leurs efforts pour prévenir les disparitions et traiter les conséquences qui en découlent pour les personnes concernées ainsi que leurs familles et proches », a indiqué la présidente du CNDH, Namizata Sangaré, dès l’entame de ses propos.
Elle a souligné la gravité des disparitions en tant que violation flagrante des droits de l'homme. Tout en remerciant le CICR pour son soutien aux familles des disparus, Mme Sangaré a insisté sur l'importance de poursuivre les efforts pour prévenir et traiter ce phénomène, « particulièrement en Afrique, où le nombre de disparitions a augmenté de manière alarmante ces dernières années ».
Pour cette 5ᵉ édition, le CICR et le CNDH ont réitéré leur soutien et leur solidarité aux familles des personnes disparues, que ce soit à la suite des crises ou en raison de la migration. « Ne pas savoir si un être cher est mort ou vivant provoque une angoisse indicible, de la colère et un profond sentiment d’injustice qui empêche les proches de faire leur deuil et de tourner la page. Cette journée nous permet de rappeler la tragédie individuelle derrière cela. Plus de 15 000 cas ont été enregistrés rien que pour les années 2023 et 2024 en Afrique, ce qui représente une augmentation de 55 % par rapport aux chiffres enregistrés en 2019, qui étaient de 48 000 personnes disparues. Malheureusement, il convient de retenir que ces disparitions sont pour la plupart des conséquences humanitaires des conflits armés, d’autres situations de violence et du phénomène migratoire », a déclaré le représentant du CICR, Laurent Fellay.
Il a salué l’engagement du CNDH pour son plaidoyer auprès de l’État de Côte d’Ivoire, afin qu’il se saisisse véritablement de ces questions et ratifie les instruments internationaux de protection des personnes disparues. « Cette position claire des autorités aura l’avantage, d’une part, de rassurer les familles et, d’autre part, de contribuer au processus de réconciliation et de paix via divers mécanismes déjà initiés ou qui pourraient être mis en place pour soutenir les familles victimes des conflits», a-t-il précisé.
Le porte-parole des familles des personnes disparues, Alain Séa, a saisi cette opportunité pour formuler des doléances. « Nous plaidons auprès des décideurs et des donateurs présents à cette cérémonie pour qu’à travers les mécanismes d’aide et d’assistance, nous puissions bénéficier d’un accompagnement psychologique afin d’aider certaines familles à surmonter leur douleur et éviter la dépression. Aussi, nous souhaitons avoir un soutien financier pour couvrir les frais de scolarisation des orphelins et prendre en charge les parents qui dépendaient des disparus. Nous demandons aussi la facilitation des tests ADN pour identifier les personnes retrouvées décédées afin que les familles puissent faire leur deuil. Nous appelons également à ce que la législation ivoirienne reconnaisse un statut pour les personnes disparues afin de nous permettre d’avancer et de nous reconstruire », a-t-il énuméré.
EA