Stéphane Koué Bi et plusieurs animateurs sensibilisent contre les effets du changement climatique
Stéphane Koué Bi est sous-directeur qualité et système de management intégré de la qualité à Foxtrot International. Depuis deux ans, il anime aussi la stratégie bas-carbonne de son entreprise. Il est l’un des promoteurs de la Fresque du climat en Côte d’Ivoire. Il sillonne les entreprises et les organisations pour présenter les effets néfastes du changement climatique. Nous l’avons rencontré pour en savoir un peu plus.
Depuis quelque temps, vous animez la fresque du climat. Est-ce que vous pouvez nous en parler?
La fresque du climat est un outil de sensibilisation qui explique les causes et effets du changement climatique. Donc à partir de là, il faut que les gens prennent conscience des effets potentiels visibles et futurs du changement climatique. C’est un mouvement qui permet de faire adhérer plus de personnes à cette stratégie bas carbone, (la feuille de route pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre : Ndlr). Nous le faisons au sein des entreprises mais également au sein des populations. C’est une manière pour nous de sensibiliser tout le monde pour comprendre les enjeux du changement climatique, parce que tant que les gens n'ont pas compris, il n'y aura pas de motivation, il n'y aura pas de mouvement.
Mais pourquoi avoir choisi de faire de la fresque qui est très souvent l'affaire des artistes plasticiens ?
La fresque du climat, c'est un outil qui existe déjà. Ça a été inventé par un Français, Cédric Hickenbeck en 2015. Il a utilisé cet outil pour faire comprendre à ses étudiants les causes et effets du changement climatique, avec des jeux de carte simple et ludique. C'est quelque chose qui marche bien. En moins de 10 ans, il y a plus de 1 700 000 personnes qui sont sensibilisées. Donc c'est quelque chose qui va très vite et qui permet, de manière très simple, de faire comprendre les enjeux climatiques. Donc c'est pour cela qu'on est parti sur ce jeu comme outil de sensibilisation.
De façon pratique, comment se joue-t-elle?
Il faut un jeu de 42 cartes qui s’actualisent. On a la dernière version avec une carte qui est actualisée depuis 2023. Ensuite, il faut 8 joueurs maximum, ainsi qu’une table de 1 mètre sur 2 sur laquelle les cartes seront posées. Sans oublier du papier parce qu'il faut des dessins. Quand on parle de fresque, c'est quelque chose d'imaginatif. On essaie, dans un premier temps, de laisser l'imaginaire collectif, les échanges entre les personnes pour comprendre et développer le jeu. On leur donne des cartes par jeu de 5 lots. Donc on distribue le premier lot et en fonction du premier lot, ils essaient de placer la première cause et puis les effets que cette cause peut générer. Une cause peut avoir plusieurs effets, une cause peut avoir un seul effet, mais ensuite c'est ce lien là qu'il faut faire jusqu'aux 5 cartes. Ensuite il y a une partie imaginative qui se fait avec des dessins. Cette partie va consister à mettre des flèches. Histoire de rendre cela beau, avec les couleurs qu'il faut. Après, il faut nommer la fresque en fonction du sentiment que les joueurs ont.
Quelles sont les leçons à tirer de la fresque du climat ?
Quand on commence à comprendre les effets et les conséquences qui arrivent, ça fait un peu peur. Mais en fait, c'est de dégager aussi de l'espoir. On voit déjà que quand on réfléchit, on arrive à trouver des solutions. Donc déjà, ensemble, il s’agit de dégager ce que nous pouvons faire, en tant qu’être humain, pour pouvoir impacter, pour pouvoir réduire nos émissions de gaz à effet de serre de manière individuelle, de manière collective, au sein de nos familles, au sein du pays. Et c'est pour cela qu'il faut sensibiliser les étudiants, les gouvernements, les journalistes et toutes les couches sociales pour qu'elles puissent en parler effectivement. On s'est dit que plus on en saura, mieux ce sera. Et mieux les gens en savent, plus ils savent ce qu'il faut faire.
Depuis quand cette fresque est-elle animée en Côte d’Ivoire ?
En Côte d'Ivoire, c'est la première fois qu'on voit la fresque, mais ça existait déjà depuis longtemps, mais les gens n'en parlaient pas.
Qui peut être animateur de la fresque du climat ?
Pour devenir animateur de la fresque, il n'y a pas de prérequis, il juste faut savoir lire. Ensuite il faut se faire former par un animateur agréé, au cours d’un atelier qui dure 3h. Une fois que tu as fait la fresque, la seconde fois tu peux te faire former à l'animation. À partir de là, tu peux faire maintenant des animations régulières. Même les enfants peuvent jouer parce qu'il y a des jeux de carte pour adultes et des jeux de carte pour enfants à partir de 12 ans.
Cette fresque est de plus en plus vulgarisée aujourd’hui…
De notre côté, on s'est dit, il faut se faire connaître, donc du coup, on communique avec les outils comme LinkedIn et Facebook, pour faire savoir ce que nous savons faire. Nous voulons faire des animations volontaires et gratuites aussi pour des personnes intéressées.
Quels sont vos défis ?
Pour nous, si 10% des personnes sont sensibilisées, elles peuvent tirer toute la population vers cette sensibilisation. Donc déjà, il faut que les gens comprennent. À partir du moment où les gens comprennent, ils peuvent atténuer, c'est-à-dire baisser les émissions de gaz à effet de serre. Mais aussi s'adapter. Il y a des situations qui sont presque irréversibles d'ici les 20 ans qui vont suivre, comme la montée des eaux par exemple. Il y a l'augmentation des températures qui arrive, qu'est-ce qu'on va faire ? Voilà, il faut commencer à penser au travail derrière. Il y a des métiers qu'on ne doit plus faire.
Qu'est-ce qu'il faut faire alors ?
Il faut commencer à penser très fortement à la mise en œuvre des énergies renouvelables et la transition écologique. Ce sont les deux solutions pour répondre au changement climatique et ses effets. Il faut commencer à orienter nos enfants vers les métiers du futur. Il y a toute cette adaptation-là qu'il faut mettre derrière.
Hormis la Fresque du climat, existe-t-il d’autres fresques ?
Oui, il y a d'autres fresques aussi qui existent telles que la Fresque du plastique, la Fresque de la biodiversité et la Fresque de la désertification financée par Foxtrot, puisque cela fait partie des enjeux environnementaux. La fresque de la désertification est aussi un outil qui permet de comprendre ce que c'est que la désertification. Souvent on pense que la désertification, c'est l'avancée du désert, mais non c'est la dégradation des sols. Et tous les pays dans tous les continents sont concernés. En Côte d’Ivoire, nous avons perdu 90% de notre couvert forestier. Donc il y a cette fresque qui existe et je suis animateur de cette fresque également. Donc ce sont des choses qu'on peut concilier et puis pour travailler sur toutes ces thématiques environnementales qui se rejoignent.
Réalisée par Solange ARALAMON