Comme si c’était le fait du réchauffement climatique qui fait trembler la terre et la rend torride, ça chauffe et ça tremble dans le milieu politique aussi. Fendillé puis mis en pièces depuis de longues années à cause des questions d’estime de soi, le monde politique ivoirien, principalement la gauche, semblait vivre ses derniers jours. Mais voilà qu’à quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, ce grand ensemble idéologique fait un réveil brusque, comme le diraient les soignants. Et pense à sa survie. Laquelle ne tiendrait que dans une certaine unité retrouvée.
Comment retrouver alors cette utile unité quand on a marché tout ce temps dans la gadoue, milieu où se sont épanouis les extrémistes de tous les bords, les chefs de parti y compris, pour exécuter la danse des sorcières ? comment ? « Facile, répond un politiste. Puisque les hommes politiques ne connaissent pas la honte et peuvent passer d’un état à un autre sans état d’âme ». A ce qu’il paraît, les nombreux appels à se mettre ensemble lancés ici et là par des militants encore lucides ont fini par être entendus par des responsables qui se sont engagés à convaincre les autres. Mais à la vérité, c’est la réalité qui les a tous rattrapés.
Devant la grande déchirure entamée en 2011, lendemain de la prise du pouvoir par la droite, et qui s’est scrupuleusement poursuivie jusqu’à tout récemment, les militants de ce grand ensemble politique ont fini par être gagnés par la paresse et le découragement. Or, pour aller à une élection aussi cruciale et déterminante pour beaucoup d’entre les cadres des partis politiques, il faut absolument compter sur les militants rassemblés. Une voix étant égale à une autre, le plus petit et le plus insignifiant du peuple électoral devient, du coup, un œuf qu’il faut prendre avec soins.
Samedi 15 juin 2024, un responsable politique a publié sur sa page facebook, une information : « L’opposition de gauche est en train de se parler pour s’unir ». Les commentaires qui ont suivi cette annonce montrent très clairement combien leurs fans attendaient cette union. « Je pense qu’il faut y aller sans a priori », a répondu un follower. « Pouah ! a soufflé un autre. Les extrémistes seront dans leurs plus petits souliers. On va leur faire la fête ». Un autre lui a emboîté le pas en écrivant que ce sont les a priori qui sont la plaie de l’opposition.
Celui-ci a omis d’ajouter que les attaques personnelles sans gant et en dessous de la ceinture venant de militants extrémistes d’un parti de la gauche contre les militants d’un autre parti de la gauche, sont aussi des éléments d’appréciation qui éloignent le camarade, l’ami ou le frère.
Quoiqu’il en soit, Simone Gbagbo avait déjà averti les extrémistes le jour du lancement de son mouvement politique en août 2022. L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire avait rassuré les journalistes et ses partisans que ses ex-camarades de la gauche et elle se retrouveront autour de la table un jour ou l’autre. Ce moment est arrivé.
Abdoulaye Villard Sanogo