Tentative de délocalisation à l’abattoir de Port-Bouët : un affrontement fait des blessés et de nombreux dégâts matériels





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Une quinzaine de blessés, deux véhicules 4x4 cambriolés et incendiés, deux porte-chars incendiés, deux pelles mécaniques incendiées et un bus de la SOTRA saccagé. C’est le bilan fait par le district autonome d’Abidjan après les affrontements entre ses agents et les forces de défense et de sécurité d’un côté et des vendeurs de bétail de l’autre, ce samedi 1er juin 2024, à l’abattoir de Port-Bouët.

Si la tension est retombée et que l’on observait une relative accalmie en fin d’après-midi, les traces de l’affrontement étaient bien visibles. Des débris jonchaient encore le bitume et les trottoirs. Une forte odeur de brûlé se dégageait encore. Des badauds qui ne voulaient pas se faire conter l’affaire, étaient encore présents sur les lieux plus d’une heure après la fin des affrontements. Selon des témoignages recueillis sur place, « les affrontements étaient d’une violence inouïe au point où les forces de défense et de sécurité ont dû user de gaz lacrymogènes ». Certains ajoutent que « malgré la forte présence de corps habillés, les jeunes gens en face d’eux n’en démordaient pas ».

« Ils (les vendeurs de bétail) étaient prêts. Les gendarmes ont eu à reculer à plusieurs reprises. C’était chaud », nous explique un badaud qui affirme avoir suivi la scène de loin.

Juste après ces affrontements, le district autonome d’Abidjan a déclaré : « Ces actes de violence ont été commis en dépit d’une médiation entreprise par le maire d’Adjamé Farikou Soumahoro. De nombreux acteurs ont accepté de partir et ils sont nombreux à avoir déjà déménagé. Il se trouve qu’un groupe minoritaire de réfractaires a choisi de s’opposer par la violence aux accords obtenus avec la majorité ». Et d’ajouter : « Tout en souhaitant des vœux de prompt rétablissement aux blessés, (le district) condamne ces actes de violence et note que les dispositions ont été prises pour donner une suite judiciaire à cette affaire ». Enfin, le district a rassuré les populations « sur la poursuite du processus de délocalisation, jusqu’à son terme ».

Les causes

Les faits, selon les vendeurs de bétails. C’est le 21 mai 2024 que la direction de l’abattoir de Port-Bouët a convoqué une réunion au cours de laquelle elle a informé les opérateurs économiques des chaînes des valeurs présents de la décision du ministre-gouverneur du district d’Abidjan, Cissé Bacongo, de déplacer, sous 48 heures, ces opérateurs économiques du site du marché à terminal de l’abattoir de Port-Bouët à l’ancienne casse d’Adjamé. Prise au dépourvu, l'Union régionale des sociétés coopératives des marchands de bétail d'Abidjan (URSCMABA) adresse un courrier de protestation au ministre-gouverneur et lui annonce par la même occasion un arrêt de travail à partir du 24 mai 2024. Selon cette union, à la demande de Cissé Bacongo, le député-maire d'Adjamé Farikou Soumahoro entame une médiation qui aboutit à la levée du mot d'ordre d'arrêt de travail. Le 27 mai 2024, le ministre-gouverneur reçoit l'URSCMABA à son cabinet à Koumassi. Malheureusement, cette réunion accouche d’une souris. Aucun accord n'a pu être trouvé. Malgré cela, les marchands de bétail adressent à nouveau un courrier au ministre-gouverneur pour lui réitérer leurs préoccupations et lui faire des propositions pour régler la question du désordre, en ce qui concerne l'abattoir de Port-Bouët. Trois jours plus tard, soit le 30 mai 2024, le directeur par intérim des abattoirs et de l’hygiène alimentaire, Boua Valérie, convoque à son bureau, tous les responsables des chaînes des valeurs pour leur faire l’injonction de quitter le site habituel de Port-Bouët pour le site provisoire de recasement au plus tard le 3 juin 2024. D’où le nouveau mot d’ordre de grève qui a conduit à un arrêt de travail depuis le jeudi 30 mai 2024.

De son côté, le district autonome d’Abidjan informe que c’est depuis le lundi 18 mars 2024, avec les acteurs de la filière bétail lors d’une réunion, qu’il les a informés de la nécessité de déployer désormais le bétail sur le site de l’ancienne casse d’Adjamé. « Cette décision faisait suite au constat d’insalubrité et d’insécurité des sites sur lesquels sont parquées les bêtes dans les communes du district autonome d’Abidjan », fait savoir un communiqué datant du 31 mai 2024. Qui ajoute que cette mesure visait également « à régler la question des grands bouchons constatés sur la voie internationale à Port Bouet créant des désagréments à tous les usagers, en particulier aux voyageurs de l'aéroport Félix Houphouët Boigny ».

Une chose est claire. Le district est résolu à aller jusqu’au bout de son opération de délocalisation des vendeurs de bétail. Ces derniers, de leur côté, ne sont pas prêts à quitter l’abattoir de Port-Bouët pour le site provisoire de reclassement de 15 ha situé à l’emplacement de l’ancienne casse d’Adjamé.

En attendant, la rareté de la viande sur le marché a causé une augmentation du prix du kilogramme. Où nous mènera donc ce bras de fer ? Les jours prochains nous situeront.

Modeste KONÉ

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