Le derby Côte d'Ivoire - Mali devrait se jouer dans un environnement sain
Le 25 septembre 2023, dans le village de Minsampleu (14 km de Danané, en Côte d’Ivoire), un tournoi inter-villages a tourné au drame. Les quarts de finale qui opposaient Salopleu à Yota se sont achevés dans le sang. Trois jeunes gens ont été sauvagement tailladés à l’arme blanche. Côté supporters, l’on a dénombré une bonne dizaine de blessés.
Ce fait divers qui s’est déroulé dans un village lointain de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, devrait interpeller plus d’un au moment où la Côte d’Ivoire accueille la 34e coupe d’Afrique des nations de football. Surtout à un moment où l’on a atteint l’étape des matchs à élimination directe. On ne parle plus d’opposition entre villages ou quartiers, mais plutôt d’une compétition qui réunit des nations. Ici, c’est la fierté de tout un pays, tout un peuple qui est engagée. Ce qui fait que l’enjeu est plus grand. Dans un tel contexte, les langues devraient avoir de la mesure. Car un seul propos déplacé peut se transformer en poudre de canon, le percuteur qui fait partir le coup fatal.
Asalfo, leader du groupe zouglou Magic System, conseiller économique et social, ambassadeur de bonne volonté pour l’UNESCO, ambassadeur culturel pour la réconciliation en Côte d’Ivoire, a appris à ses dépens que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire et que certaines plaisanteries sont de mauvais goût. En prélude au match de quart de final qui opposera la Côte d’Ivoire au Mali, il a fait une sortie déplaisante. « Ça tombe bien. L’histoire des 49 là, on n’a pas oublié », avait-il écrit sur les réseaux sociaux. En référence au 49 militaires ivoiriens qui avaient été arrêtés et détenus au Mali alors qu’ils étaient en mission. Même si le compositeur de l’hymne officiel de la CAN 2023, Akwaba, a eu la sagesse de retirer son post, les internautes continuent de lui porter de sérieux coups pour cette sortie.
Comme ce talentueux artiste, il y en a beaucoup, moins connus, qui continuent de faire des sorties similaires. Et cela n’augure rien de bon. Le football suscite des passions qui, si elles ne sont pas bien canalisées, peuvent engendrer des violences. Il est donc temps, qu’à la veille de cette opposition qui n’est que footballistique, chacun prenne ses responsabilités pour que le fair-play prévale. Il appartient également au Comité d’organisation de la CAN (COCAN), aux autorités maliennes et ivoiriennes, d’appeler au calme et à la retenue. Pour éviter que cette CAN de l’hospitalité ne se transforme en rendez-vous de la brutalité et de la barbarie.
Modeste KONÉ