La Côte d’Ivoire ambitionne d’éradiquer l’épidémie du VIH Sida d’ici à 2030 en réduisant les nouvelles infections, les décès et la discrimination ou stigmatisation liés au VIH. Mais pour y parvenir, plusieurs défis sont à relever. C’est ce qu’a relevé, ce mercredi, à Dabou, le Pr Ehui Eboi, directeur coordonnateur du Programme national de lutte contre le Sida, au premier jour d’un atelier d’orientation des organes de presse sur l’approche « Indétectable = Intransmissible » (I=I).
Cette notion, selon le directeur, veut dire que lorsqu’un patient vivant avec le VIH est sous traitement antirétroviral et qu’il est observant à son traitement, il a une charge virale, c’est-à-dire la quantité de virus dans le sang qui devient indétectable. Cette indétectabilité permet de ne plus transmettre la maladie lorsqu’il a des rapports sexuels, même sans protégés.
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Mais avant, le Professeur a présenté le profil épidémiologique de l’infection au VIH en Côte d’Ivoire. Selon cette présentation, la Côte d’Ivoire qui est l’un des pays les plus affectés en Afrique de l’Ouest avec un taux de prévalence de 1,82 % de la population générale sur les 15 à 49 ans, en fin de l’année 2022, comptait 407 595 personnes vivant avec le VIH. Sur ce nombre, seules 292 663 personnes toujours selon cette même estimation, sont sous traitement antirétroviraux. D’où la nécessité de rechercher et retrouver les 114 932 personnes vivant avec le Vih encore dans la nature, les dépister et les mettre sous traitement.
Pour arriver à l’élimination du Sida à fin 2030, nous devons atteindre en 2025, ce qu’on appelle les 3 x 95 fixé par l’Onusida à savoir dépister au moins 95 % des personnes avec le VIH en Côte d'Ivoire, mettre sous traitement 95 % des personnes dépistées et 95 % des personnes traitées doivent avoir une charge virale supprimée. « C’est à ce prix qu’on pourra arriver à l’élimination du Sida en 2030 », a-t-il rassuré.
« Malheureusement, nous n’arrivons pas à dépister suffisamment le nombre de personnes vivant en Côte d'Ivoire avec le VIH », a regretté le professeur précisant que les trois principaux indicateurs du 3 x 95 étaient respectivement de 85 %, 87 % et 87 %.
Il a saisi l’occasion pour appeler à l’implication et à la mobilisation de la communauté pour appuyer la riposte nationale et également à la pérennisation des financements de la lutte contre le VIH de même qu’à la garantie de la continuité de la chaîne d’approvisionnement en médicaments et intrants de laboratoire pour garantir la prise en charge des patients.
Malgré tous ces obstacles, le coordonnateur rassure sur l’efficacité de la lutte contre cette épidémie. Pour lui, la Côte d’Ivoire est à la phase de contrôle de cette épidémie avec la diminution du nombre de nouvelles infections et de décès, ajoutant que le pays a amorcé une transition épidémiologique.
Lambert KOUAME