Depuis le discours du président Kaïs Saïed à l’encontre des migrants subsahariens, de nombreux Ivoiriens sont de retour dans leur pays. Le point de transit avant de regagner chez eux est l'Institut national de la Jeunesse et des Sport (INJS) à Marcory. Ils y passent 3 jours avant de rejoindre leurs familles respectives. Auront- ils le courage de retourner en famille ? « Qu’est-ce que je vais faire à la maison ? Non, retourner en famille ne m’arrange pas », assure une jeune fille, la trentaine, rencontrée sur le site.
Un autre jeune avec lequel nous avons échangé veut se convaincre des éléments de langage avant de retourner à Yopougon, son quartier d’où il était parti en Tunisie pour espérer un jour rentrer en Europe. « C’est la honte mon frère », nous dit-il. Pour ces nombreux jeunes, ce retour au moment où ils s’attendaient le moins apparaît comme un échec. Ce retour forcé est synonyme de honte. Ils sont revenus la tête basse.
Malgré toutes les garanties données par le gouvernement, ces jeunes ne veulent pas être la risée de leur proche. Nombreux ne rentreront pas chez eux. La rue les accueillera. Un autre problème se pose. Attendre que la tempête passe et retourner en Tunisie ou choisir un autre pays du Maghreb n’est pas à exclure. Convaincu que seule l’Europe peut leur garantir un avenir radieux, ils sont déjà à la recherche de voies et moyens pour se « relancer » dans l’aventure. Si quelques-uns disent vouloir accepter de refaire leur vie au pays, ils sont déjà conscients des difficultés à venir. Un casse-tête pour un retour brusque et inattendu. Mais il faudra faire face à la réalité du moment. Si la Côte d’Ivoire n’est pas un Paradis, la Tunisie est bien loin d’en être un. Tout compte fait, on est mieux que chez soi.
Eric Diomandé