Pour avoir utilisé à des fins personnelles l'argent (3 millions de Fcfa) alloué en fin d'année 2022 à la Mutuelle des agents de la Refondation SA (MUTAREF) par la Première Dame, Dominique Ouattara, le directeur des rédactions de Notre Voie, Guillaume Tonga Gbato, écope d'une mise à pied de 8 jours, à compter du lundi 13 mars 2023.
La sanction a été prise par le directeur général Armand Koko Konan, après consultation du Conseil d'administration de la Refondation-SA, suite à la réponse à la demande d'explication que ledit Conseil a demandé d’adresser au fautif. La note signée du directeur général, exige de Guillaume Gbato le remboursement intégral des 3 millions de Fcfa avant sa reprise de service.
Il est important de rappeler que chaque fin d'année, depuis longtemps maintenant, la MUTAREF écrit des lettres de demande de soutien aux autorités, aux directeurs généraux d’entreprises privées et publiques, aux ONG etc., pour ses activités de fin d’années. Et depuis 2011, l'épouse du chef de l'Etat Alassane Ouattara y répond positivement et met un point d'honneur à allouer une petite cagnotte à la Mutuelle de la Refondation, en plus des jouets qu’elle donne pour les enfants des mutualistes.
Selon des documents consultés par pressecotedivoire.ci, pour la fin d’année 2022, le président de la MUTAREF, M. Gilbert Abouadji, comme de coutume, a déposé son courrier d’aide au cabinet de la Première Dame avant d’effectuer un voyage en Europe. Au moment de décaisser la somme dédiée à la MUTAREF, le cabinet de Mme Ouattara a du mal à joindre le président de la Mutuelle. Alors, l’idée lui vient de faire appel à Guillaume Gbato. Lequel se précipite sur les lieux et prend l’enveloppe contenant la somme de 3 millions de FCFA.
Une fois l’enveloppe dans sa besace, il joint par téléphone le président de la Mutuelle et lui annonce que la Première Dame vient de remettre la somme de 2 millions de FCFA à la Mutuelle. Son interlocuteur lui demande de bien garder l’enveloppe pour la lui remettre dès son retour au pays. A son retour à Abidjan, M. Abouadji éprouve mille et une difficultés à joindre son collègue Guillaume Gbato. Puis, un jour, il le trouve dans son bureau.
Sans tarder, le directeur des rédactions de Notre Voie et secrétaire général adjoint du FPI chargé de la Communication, plonge la main dans son tiroir, compte des billets de banque et remet 300.000FCFA à M. Abouadji. Ce dernier, surpris, pose la question de savoir pourquoi c’est 300.000 FCFA au lieu de 2.000.000 FCFA. Gbato le prie de bien vouloir lui permettre de recevoir un visiteur qui s’impatiente dehors. Et qu’il lui donnera plus tard les explications dont il a besoin. Ce que M. Abouadji accepte, assuré qu’ils se retrouveront le plus tôt possible pour des éclairages.
Sauf qu’il n’aura plus d’occasion pour s’asseoir avec le collaborateur d’Affi Nguessan, président du FPI. Toutes les tentatives du président de la MUTAREF d’entrer en contact avec son collègue ont échoué. Las d’attendre, M. Abouadji informe le bureau de la MUTAREF de la tournure que prend l’affaire. La MUTAREF convoque alors une Assemblée générale extraordinaire (AGE) qui décide d’envoyer un courrier par voie d’huissier à Guillaume Gbato, avec pour seul but de l’obliger à rembourser l’argent de la Mutuelle qu’il a gardé par devers lui.
Autre décision que prend l’AGE, si 48 heures après la réception du courrier il ne s’exécute pas, la MUTAREF se donne le droit de saisir la Brigade de Recherches de la Gendarmerie nationale ou le procureur de la République aux fins d’amener le fautif à rembourser l’argent qu’il a indûment gardé sur lui.
Mais avant de lui envoyer ledit courrier, l’Assemblée générale extraordinaire décide de prendre langue avec le cabinet de la Première Dame afin de prendre toutes les informations nécessaires. Notamment si les 2 millions annoncés par Guillaume Gbato sont destinés effectivement à la MUTAREF ou si celui qui les a gardés y a une part. Le rendez-vous est vite pris et devrait réunir la Mutuelle et le directeur des rédactions de Notre Voie. Selon les responsables de la Mutuelle et comme cela se verra plus tard, Guillaume Gbato s’est refusé à y prendre part.
Une fois au cabinet de la Première Dame, stupeur générale ! Le président de la MUTAREF et un de ses collaborateurs qui l’accompagnait découvrent, dans un grand étonnement, au regard des documents produits par la comptabilité, qu’en réalité, c’est la somme de 3 millions de FCFA que Mme Ouattara a décaissée pour la MUTAREF et non 2 millions de FCFA comme annoncé par le directeur des rédactions de Notre Voie par ailleurs secrétaire général adjoint du FPI chargé de la Communication. En outre, le directeur de la Communication de la Première Dame, cheville ouvrière de cette collaboration, précise que l’enveloppe de 3 millions de FCFA est destinée uniquement à la MUTAREF qui en a fait la demande.
Après cette découverte que certains collaborateurs de M. Abouadji ont qualifiée de macabre, c’est la désolation à la Refondation-SA. Mais les Mutualistes trouvent tout de même des forces pour écrire la lettre qui exige de Gbato qu’il reverse dans les mains du président de la Mutuelle, les 2.700.000 FCFA restants. Entre temps, le Conseil d’administration de la Refondation-SA tient sa réunion trimestrielle et est informée par le Directeur général (DG) de la situation que vit l’entreprise. Le Conseil intime l’ordre au DG d’envoyer, sans tarder, une demande d’explication au fautif pour que, sous 48 h, il donne des explications sur l’affaire.
Selon la réponse de l’accusé qui est arrivée 72 h après et que pressecotedivoire.ci a consultée, il reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Il dit avoir pris effectivement les 3 millions de FCFA. Toutefois, il assure ne plus reconnaître la présidence de M. Abouadji et accuse, par ailleurs, certains de ses collègues, sans donner de preuves, d’avoir détourné par le passé l’argent de la Mutuelle. En outre, Gbato affirme que l’argent n’appartient pas à la Mutuelle mais à la rédaction. Parce que, selon lui, tous les ans, la Première Dame donne de l’argent aux rédactions de Côte d’Ivoire.
Pour la Direction générale de la Refondation-SA, Gbato «donne dans le dilatoire» dans son courrier-réponse au point d’y aller de contradiction en contradiction. Elle attendait plutôt que l’homme, dans une certaine humilité, reconnaisse la faute et fasse amende honorable. Pour n’avoir pas choisi la voie de la sagesse et afin que de tels actes ne se reproduisent plus dans le sein de la société, elle lui inflige une mise à pied de 8 jours et lui intime l’ordre de rembourser la somme volée avant toute reprise de fonction.
Depuis lundi 13 mars 2023, une affiche placardée sur les tableaux d’affichage annonce la suspension du directeur des rédactions de Notre Voie jusqu’à nouvel ordre. Son intérim est assuré par le Directeur de la publication, le docteur Franck Mamadou Bamba. Mais selon toute vraisemblance, Guillaume Gbato n’accepte pas la sanction et veut continuer de diriger le journal. C’est pourquoi, dans l’après-midi de ce mardi 14 mars 2023, une nouvelle décision, sous la forme de mise en garde, a été prise par la Direction générale.
«Je rappelle à tous, écrit M. Armand Koko Konan, que Monsieur Gbato Tonga Guillaume, Directeur des rédactions, est sous sanctions disciplinaires depuis le 13 mars 2023 et son intérim est assuré par Monsieur Bamba Franck Mamadou, Directeur de la publication de Notre Voie jusqu’à nouvel ordre. Il ne peut donc plus se prévaloir de ce titre pour diriger la rédaction. Quiconque se fera donner des ordres par Monsieur Gbato Guillaume dans le cadre de son activité professionnelle sera immédiatement sanctionné».
C’est peu dire qu’il y a la guerre à la Refondation-SA, société éditrice du journal Notre Voie. Et que cette guerre pourrait retarder le remboursement intégral, par Guillaume T. Gbato, des 3 millions de FCFA des agents de cette entreprise qu’il a utilisés à des fins personnelles.
D.B.