Le Super sans plomb passe à 815 FCFA : Une augmentation qui ne répond à aucune logique





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Les Ivoiriens se sont réveillés, mercredi 1er février 2023, en constatant une augmentation du prix du Super sans plomb à la pompe. Le litre est passé de 775 FCFA à 815 FCFA, soit une augmentation de 40 FCFA. C'est historique. De mémoire d'Ivoirien, jamais le prix du carburant n'a atteint un tel montant. Déjà, en octobre 2022, le carburant avait connu une hausse de 40 FCFA. Le litre de Super sans plomb qui était de 735 FCFA a été fixé à 775 FCFA à la pompe et le gasoil est passé de 615 FCFA à 655 FCFA le litre.

Derrière l’inquiétude qui se lie sur les visages des automobilistes, demeurent de nombreuses interrogations. Pourquoi le prix du carburant ne fait qu’augmenter alors qu’à l’international, le prix du baril de pétrole connaît une tendance baissière ? L’augmentation du prix du Super sans plomb ne va-t-elle pas conduire à une hausse du prix du transport et des denrées alimentaires ? 

Prises une à une, ces inquiétudes des usagers de la route restent dans le fond légitimes. En effet, un regard sur le cours à l’international du pétrole brut Brent pour l’année 2022, montre qu’il est difficile d’expliquer une telle hausse du prix du Super sans plomb à la pompe. C’est à partir du mois de mars 2022 que le cours du pétrole a connu une hausse vertigineuse, atteignant 117,2 dollars le baril. Le pic a été atteint en juin 2022 avec 122 dollars/baril. Mais depuis juillet (111,9 dollars) de la même année, la courbe connaît une tendance baissière. En août et septembre 2022, le baril est descendu respectivement à 100,6 dollars et à 89,7 dollars, avant de prendre une pente légèrement ascendante en octobre 2022. C’est à cette période que la Côte d’Ivoire a procédé à un réajustement à la hausse pour atteindre 63,3 dollars. À partir de cette date, les cours du baril n'ont fait que descendre. Même en janvier 2023, le prix du baril tournait en moyenne autour de 80 dollars. D’où vient-il donc qu’au lieu de connaître une baisse, le Super sans plomb a atteint 815 FCFA, un prix jamais atteint?

Le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Sangafowa Coulibaly, lors d’une réunion de cadrage avec ses collaborateurs, fin janvier 2023, expliquait qu’ « une partie significative de la production de notre électricité étant basée sur l’utilisation de produits pétroliers, il va sans dire que le coût de production a nettement augmenté du fait de la crise énergétique, alors que les tarifs de vente sont demeurés inchangés ». Selon lui, « en Côte d’Ivoire, pour préserver le pouvoir d’achat des ménages et garder l’activité économique à flot, le président de la République, SEM Alassane Ouattara, a mis à contribution le budget de l’Etat pour maintenir les prix et la consommation à des niveaux les plus bas de la sous-région ». Il a ajouté que le secteur de l’électricité du pays est financièrement déséquilibré depuis plusieurs années. « La vérité des chiffres est que les produits des ventes d’énergie sont structurellement inférieurs à leur coût de production. Le prix de vente de l’électricité est, de fait, subventionné par l’Etat », avait-il fait savoir. Avant de conclure : « Ce tableau n’est pas raisonnablement tenable. Il est à présent manifeste que la crise énergétique mondiale s’inscrit dans la durée. Ses implications sont très clairement structurelles et nous devons en tirer les conséquences de façon responsable, au risque de compromettre la viabilité économique de la filière énergétique globale de notre pays ». Un discours qui résonnait déjà comme une annonce pour préparer les esprits à l’augmentation qu’a connue le prix du Super sans plomb, ce mercredi 1er février 2023.

En réalité, il faut le reconnaître, cette hausse ne répond à aucune logique. D’autant plus qu’à l’origine, il était question de réajuster les prix à la pompe du carburant aux fluctuations des cours internationaux. C’est le système qui avait été adopté par le gouvernement. Même s’il est vrai que les autorités ivoiriennes, comme elles aiment à le dire, ont déboursé en moins d’un an, près de 700 milliards FCFA, la norme devrait être que les prix à la pompe connaissent une baisse quand les cours du pétrole sont en baisse. Ne pas le faire, donne l’impression aux Ivoiriens qu’ils ont été abusés et que le gouvernement ne fait rien pour abréger leurs souffrances. Et personne ne devrait leur en vouloir de penser ainsi.

 Modeste KONE

 

 

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