Au cours d’un déjeuner de presse avec la faîtière des chambres des promoteurs immobiliers de Côte d’Ivoire, le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné, a appelé les promoteurs immobiliers à s’engager encore plus dans la production de logements, afin de résorber le déficit de logements et de permettre d’impacter les coûts du loyer en Côte d’Ivoire.
De cet appel, on retient deux choses essentielles. La première est que le gouvernement est conscient de la problématique du coût élevé des loyers. Secondo, il admet que la cherté des loyers en Côte d'Ivoire est due au fait qu'il existe un déficit réel de logements, ce qui fait que les propriétaires font de la spéculation. Dans ce cas, qu'est-ce qui est fait concrètement par l'État pour alléger les souffrances des populations ?
De nombreux Ivoiriens pensent sincèrement qu'ils sont laissés pour compte et doivent subir le diktat des propriétaires de maison. Pourtant, ailleurs et pas loin de nous, des gouvernements ont prit des décisions courageuses en faveur des populations et surtout pour éviter que les bailleurs ne fassent des abus.
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Au Burkina Faso par exemple, l'arrêté n°2019-0026/MUH portant valeur des coûts de réalisation des immeubles destinés au bail d’habitation privée, fixe les modalités de fixation du loyer. Dans le calcul des coûts du loyer, on prend en compte le coût de la surface du plancher couvert, les coûts minima et maxima par mètre carré, par zone et par type de bâtiments. Le tout multiplié par la surface du plancher couvert. L'arrêté en question tient compte également des commodités. Ainsi, au montant obtenu, on ajoute le coût des investissements (brasseurs, climatiseurs et autres) et le coût des aménagements multiplié par 7 et divisé par 100 pour obtenir le loyer annuel. Le montant obtenu sera donc divisé par 12 pour connaître le loyer mensuel.
Un système qui a permis de maîtriser la fixation des loyers et d'éviter l'anarchie. Même si de nombreux Burkinabés regrettent qu'il n'y ait pas eu de suivi, il faut quand même reconnaître que le gouvernement du pays des hommes intègres, de l'époque, a eu le mérite de mettre en place des instruments pour lutter contre la fixation anarchique des loyers.
Le président sénégalais Macky Sall, au lendemain d'une rencontre sur la consommation, le samedi 5 novembre, à Dakar, a décidé d'une réduction des loyers, selon la presse locale. Dans la pratique, il est question de réduire de 5 % les loyers de plus de 500 000 FCFA, de 10 % pour ceux situés entre 300 000 FCFA et 500 000 FCFA. Les loyers de moins de 300 000 FCFA, qui concernent la majorité des populations, devront connaître une réduction de 20 %.
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En fait, les autorités sénégalaises ont dû se résoudre à prendre des mesures drastiques au vu de la situation qui devenait insupportable. Car, au Sénégal, particulièrement à Dakar, la capitale, il y a un réel déficit de logements. Du coup, selon la presse, les loyers ont connu une augmentation de 200 % entre 2014 et maintenant.
D'autres États africains ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour résorber l'épineuse question du coût élevé des loyers. Mais, en Côte d'Ivoire, rien ne semble être fait. Le projet de logements sociaux qui devait réduire le déficit d'habitations qui s'accroît année après année, et agir par la même occasion sur les loyers, tangue. Dans toutes les communes, il est devenu difficile de se loger. Pour des trois pièces dans des communes comme Abobo où Adjamé qui avaient les loyers les plus faibles, il faut débourser mensuellement au moins 150 000 FCFA. Un montant qui n’est pas à la portée de tous. Surtout dans un pays où le SMIG est de 60 000 FCFA.
Il faut se l'avouer, en Côte d'Ivoire, particulièrement à Abidjan, se loger est un véritable casse-tête pour les populations. Il y a urgence. Dans un contexte où le pouvoir d’achat s'amenuise de jour en jour, il est plus qu'impérieux de résoudre la question. Il appartient aux gouvernants de prendre le taureau par les cornes avec des décisions courageuses.
Modeste KONÉ