On en sait un peu plus sur les circonstances du triple meurtres et les modes opératoires du présumé tueur en série de Yamoussoukro, la capitale politique ivoirienne.
Dans une déclaration lue en son parquet, à Toumodi, ce lundi 24 octobre 2022, la Substitut-Résidente près le tribunal de Toumodi, Paule Richmonde Mohiro, a livré plus de détails sur cette affaire qui continue de défrayer la chronique dans la capitale.
Le vendredi 7 octobre 2022, aux environs de 20 heures, les éléments du commissariat de police du 1er arrondissement de Yamoussoukro informent le Parquet de Toumodi de la découverte d’un corps sans vie dans le village de Kpangbassou, dans une broussaille non loin d’une église. Le corps, n’ayant pu être identifié, a été déposé à la morgue du Chr de Yamoussoukro. Ce même jour, aux environs de 10 heures monsieur Bidjo Félix Aristide, secrétaire général de la Mission évangélique Rehoboth, avait signalé au 1 er arrondissement de police, la disparition de son pasteur stagiaire depuis le 6 octobre 2022. Vu la proximité du lieu de la découverte du cadavre et le lieu du culte, le pasteur a été invité à identifier le corps, ce qu’il n’a pu faire.
Informée de la disparition de son fils, dame Brou Affoué Joséphine, mère du pasteur stagiaire disparu, a effectué le déplacement sur Yamoussoukro et a ainsi constaté à la morgue le corps comme étant celui de son fils Ahou Kouamé Aymar, 28 ans, pasteur stagiaire à la Mission évangélique Rehoboth de Kpangbassou.
Une enquête a été ouverte à l’effet d’entendre l’entourage immédiat du défunt avec en première ligne les membres de sa communauté religieuse aux fins de ressasser sa journée du 6 octobre 2022.
Les auditions de monsieur Konan Kouamé Antoine, pasteur principal et de monsieur Siagbé Désiré, responsable du service d’ordre dans ladite église, ont conduit à Anoh Bléou Antoine Bérenger, 28 ans, éleveur de porcs et fidèle de cette église. Il a été la dernière personne à avoir été vu en compagnie du pasteur stagiaire.
Après un long interrogatoire, Anoh Bléou Antoine Bérenger a fini par avouer le meurtre du pasteur stagiaire. Il explique ce 6 octobre 2022, aux environs de 12 heures, il s’est vu refuser l’accès du lieu de culte par le pasteur stagiaire, une chaude dispute s’en est suivie entre les deux. Profitant d’un moment d’inattention du pasteur, le suspect, qui avait dissimulé une machette, administre un violent coup atteignant mortellement la victime au cou. Après son forfait, il traina le corps à l’arrière d’une ferme à volaille dans les environs de l’église.
Il se trouve que le 12 octobre 2022, un autre corps avait été découvert à Kpangbassou, cette fois-ci dans la broussaille à quelques encablures de l’hôtel parlementaire. La proximité du lieu de découverte avec le premier corps et le caractère présumé violent de ces deux corps ont conduit les enquêteurs à interroger le suspect sur ce deuxième cas.
Avec une sérénité déconcertante, explique la magistrate, Anoh Bléou Antoine Bérenger affirme avoir ôté la vie à un inconnu, deux semaines après le meurtre du pasteur stagiaire. Il explique qu’il y a de cela deux semaines, il a rencontré sur son chemin un inconnu, en pleine méditation, aux alentours de l’hôtel parlementaire. Dans une colère noire, il s’empare d’une grosse pierre et assomme l’inconnu. Il traine son corps dans la broussaille exactement à l’endroit où il a été découvert par la police.
Durant l’interrogatoire, quelle ne fût pas la stupéfaction des enquêteurs quand le suspect avoua un troisième meurtre qu’il aurait commis dans le courant de juillet 2021 sur la personne d’un certain Adamo, un de ses amis travaillant avec lui dans la fabrication de charbon non loin de l’Ivosep à Assabou.
Il reprochait à cette troisième victime de ne pas équitablement partager la recette de la vente du charbon. Ainsi, un jour, aux environs de 20 heures, alors qu’ils revenaient tous les deux du travail, il assomme ce dernier de plusieurs coups de machette au niveau du coup. Il dépèce le corps en plusieurs morceaux avant de le brûler et envelopper les restes dans un tissu qu’il a enfouis dans la broussaille.
Au regard de ces faits graves, madame la Subsitut-Résidente près le tribunal de Toumodi a ouvert une information judiciaire contre le suspect qui a été inculpé des faits de meurtres avec les circonstances d’actes de barbarie, faits prévus et punis par les articles 378 alinéa 1.1, 380 alinéa 2 et 3 et 387 du code pénal et placé sous mandat de dépôt conformément aux articles 162 et 163 du code de procédure pénale. Madame le procureur a également fait savoir qu’une expertise de santé mentale a été ordonnée dont les résultats sont attendus. Toutefois, elle précise que la santé mentale ne s’apprécie qu’au moment où les actes infractionnels ont été commis.
Enfin, elle a tenu à féliciter et à encourager tous les officiers de police judiciaire de la capitale pour leurs efforts constants et efficaces dans la recherche des auteurs des infractions.
Anoh Bléou Antoine Bérenger risque jusqu’à 20 ans de prison.
Traoré Yacouba Diarra