Un important défi sécuritaire attend la nouvelle junte qui vient de prendre le pouvoir au Burkina Faso.
En moins d’un an, ce sont deux dirigeants qui ont été emportés par la grande insécurité liée aux attaques terroristes. Qu’il s’agisse du renversement de l’ex-Président Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier 2022, que de la destitution du colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, ce week-end, l’argument principal avancé pour justifier ces deux push au pays des hommes intègres reste le problème sécuritaire. Au premier, il a été reproché, en substance, d’être incompétent vis-à-vis des multiples attaques des groupes terroristes. Le second, bien que militaire, est accusé de ne pas suffisamment consacrer sa gouvernance à la lutte contre ces attaques meurtrières qui se sont encore multipliées les huit derniers mois. La plus récente est celle perpétrée contre un convoi de ravitaillement dans le nord du pays. Elle a causé la mort de 11 soldats. 28 ont été blessés. Une cinquantaine de civils sont portés disparus, selon le bilan rapporté mardi dernier par le défunt gouvernement. Dans un cas comme dans l’autre, les hommes en armes ont fini par s’emparer du pouvoir par instinct de survie. Car, ce sont eux qui sont au front et leur vie est la plus menacée. Ils se révoltent donc pour prendre les choses en main, avec l’espoir de faire mieux que le régime qui est déchu. Résignée, la population assiste avec le même espoir au changement de pouvoir. Cependant, cette fois-ci, ses attentes sont encore plus grandes vis-à-vis du capitaine Ibrahim Traoré qui vient d’évincer le colonel Damiba et qui a pris la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Est-il capable de réaliser la promesse faite au peuple, à savoir « restaurer la sécurité et l’intégrité du territoire » ? La liesse populaire à laquelle on a assisté lors de ce coup d’Etat dans les rues de Ouagadougou, est le signe de l’approbation de ce changement par un grand nombre de Burkinabè. Mais elle est aussi le signe de ce que ce même peuple sera plus exigeant vis-à-vis du nouveau régime.
Ibrahim Traoré doit donc savoir qu’il a une obligation de résultat. Cela signifie qu’il doit tout mettre en œuvre pour réduire les agressions terroristes aussi bien sur les positions de l’armée qu’à l’endroit des civils. Pour y parvenir, il doit réussir à ramener la cohésion au sein de l’armée qui a montré des signes de division à l’occasion de ce push. Pour réussir sa mission de sécurisation du pays, le nouvel homme fort du Faso entend également tisser de nouveau partenariats avec des puissances étrangères. A cet effet, il n’est pas exclu que, comme au Mali, la Russie, beaucoup réclamée dans les rues, prenne le lead au détriment de la France dont l’inefficacité, voire l’hostilité, ont été dénoncés. Quoi qu’il en soit, notre grande prière est que les terroristes soient défaits et que les citoyens, qui ont tant souffert des affres de ces tueries, retrouvent enfin la quiétude.
Cissé Sindou