L’école, les gombos et nous





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En parcourant la presse de ce début de semaine de rentrée scolaire, on est fort surpris de découvrir qu’un arrêté du ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation proscrit la vente de tout livre et objet scolaires au sein des différents établissements sur l’étendue du territoire national.

On aurait pu s’écrier : «Encore une autre loi ! ». Mais un alinéa dudit arrêté semble rassurer celles et ceux qui ne croient plus guère en l’efficacité d’une loi de ce genre. Cet alinéa énonce en substance que toute personne qui contreviendrait à cette décision ministérielle s’exposerait à la rigueur de la loi.

Les parents d’élèves qui, tout au long de l’année et à chaque rentrée scolaire, sont lessivés à grande eau, auraient pu sauter au plafond car une telle nouvelle ne peut que laisser présager du meilleur.

Sauf que par le passé, ils ont eu affaire à des porteurs de lois ou décisions contraignantes aussi crédibles que le démenti de l’ex-député français Jérôme Cahuzac sur son compte en Suisse.

C’est que les chefs d’établissement scolaire et leurs collaborateurs enseignants ont pris la vilaine habitude de pratiquer ce que l’on peut appeler avec pudeur, la stratégie du détour. Elle consiste à contourner les décisions du ministre de tutelle pour continuer tout bonnement à traire les parents d’élèves comme des vaches commerciales.

La preuve ! Malgré le décret de juillet 2022, le lycée Mamie Fetai de Bingerville, un des merveilleux lycées spécialistes de la stratégie du détour, a surpris tous les parents d’élèves partis inscrire leurs enfants pour cette rentrée scolaire 2022-2023.

Selon un parent d’élèves, c’est sur place, dans la cour du lycée, «que je suis informé que pour inscrire ma fille, je dois payer 3000 FCFA correspondant au prix de quatre marqueurs ». Il précise que ces crayons-feutres à pointe épaisse qui servent de craie au tableau ne se payent qu’au sein de l’établissement. Donc pas dehors, dans les librairies, comme clairement indiqué pourtant dans l’arrêté du ministre Mariatou Koné.

Un autre parent d’élèves pense que c’est une vraie stratégie de détour puisque dans la liste des fournitures à acheter et qui a été glissée dans les bulletins de fin d’année des enfants, il ne figurait pas les marqueurs.

La décision du ministre à travers l’arrêté en question, pensons-nous, s’inscrit dans une stratégie dont l’objectif clairement affiché est de mettre fin aux «gombos» des chefs d’établissement et des enseignants. Lesquels, pour contrecarrer cette décision, ont mis sur pied leur «stratégie de la honte» que les parents d’élèves n’osent pas dénoncer de peur de voir leurs enfants payer la résistance de leurs géniteurs.

Il revient maintenant au ministre et à ses collaborateurs de prévoir dans leur stratégie, une équipe de surveillance de l’application effective de cette décision somme toute intéressante pour les parents d’élèves.

On ne le sait que trop. Les stratégistes du détour font preuve d’une bravoure ou d’une courtoisie chevaleresque auprès de leurs collègues ou amis haut placés dans le ministère. Mais savent-ils seulement que, selon un penseur moderne, la route qui mène vers l’enfer est pavée de bien belles intentions ?

Abdoulaye Villard Sanogo

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