Difficile résilience politique





difficile-resilience-politique


 Le récent retour d'Albert Mabri Toikeusse au Rhdp remet au goût du jour la question de la résilience politique en Côte d'Ivoire.

C'est un indéniable, le président de l'Udpci a une ambition nationale. Autrement, Albert Mabri Toikeusse n'aurait pas quitté le Rhdp en 2020 après qu'il n'ait pas été retenu par le parti présidentiel comme son candidat à la dernière élection présidentielle. On se souvient qu'à l'époque, au moment du choix du porte-étendard du Rhdp pour cette élection, le président de l'Udpci avait souhaité qu'une saine compétition interne ait lieu. Toute chose qui lui aurait donné une chance d'être retenu. A défaut, l'expression démocratique aurait conduit l'ensemble des prétendants à s'unir, à terme, autour de celui d'entre eux qui aurait remporté cette primaire. Mais, comme les Ivoiriens ont pu le voir, les choses ne se sont pas passées de cette façon. Un candidat a été imposé par le président du parti Alassane Ouattara, en la personne de l'ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mabri finira par quitter les rangs du Rhdp. Il déposera sa candidature à l'élection présidentielle. Elle sera rejetée, comme l'ont été les candidatures de bien d'autres personnalités de l'opposition. Mabri prendra part au combat de cette opposition jusqu'à ce qu'elle s'incline devant le passage en force d'Alassane Ouattara en octobre 2020 pour un troisième mandat présidentiel.

Deux ans ans après, qu'est-ce qui pourrait expliquer le retour du leader de l'Udpci au Rhdp ? À l'évidence, ce retour est lié à une difficile résilience de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur. N'ayant certainement pas abandonné son ambition présidentialiste, et sans les moyens et les avantages que lui donne l'occupation d'un haut poste au sein du gouvernement, il a sans doute décidé de se rapprocher du pouvoir pour ne pas s'éteindre politiquement avant l'échéance de 2025. Surtout que lorsqu'il avait décidé de quitter le Rhdp en 2020, bien de cadres de son parti comme Albert Flindé, Laurent Tchagba... ne l'ont pas suivi parce qu'ils ne voulaient pas perdre les postes et les avantages qu'ils avaient. Donc, Mabri Toikeusse sait qu'il est difficile de mobiliser ou de maintenir des soutiens politiques sans moyens. Or, généralement en Côte d'Ivoire, tout comme dans la plupart des pays africains, l'origine principal des moyens des acteurs politiques viennent des deniers publics à travers les fonctions qu'ils occupent. Cette recherche d'aisance matérielle est l'un des principaux objectifs de l'engagement politique en Afrique.

Lorsqu'un leader n'a plus la possibilité de distribuer des postes juteux et qu'il n'a pas d'autres sources de richesse pour entretenir son entourage, il constate amèrement que bien de personnes qui le soutenaient n'avaient pas de réelle conviction politique, mais étaient là en réalité pour des  intérêts matériels. Alassane Ouattara ayant compris cet attachement des Ivoiriens au matériel, l'exploite à fond pour maintenir auprès de lui ou pour faire plier des cadres qui ne l'aiment vraiment pas. C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer le fait que le régime Rhdp utilise beaucoup comme moyen de répression de ses adversaires politiques les privations de biens en trouvant des artifices juridiques pour geler leurs avoirs bancaires. Les rares personnalités à avoir eu de la résilience face à cette pratique restent à ce jour Laurent Gbagbo, Guillaume Soro...

Cissé Sindou

Partarger cet article

En lecture en ce moment

Guerre russo-ukrainienne : la BAD prévoit d’octroyer un prêt 121 millions d’euros au Sénégal pour la mise en œuvre d’un projet agricole

Mali : 49 morts dans une attaque contre des militaires