Le Tec tec, jeu pratiqué majoritairement par les enfants à l’aide de capsules de bouteille, a été réinventé en une version assez modernisée par un jeune entrepreneur ivoirien répondant au non de Charles Abycè Koi. Dans une interview accordée à pressecotedivoire.ci, ce jeune entrepreneur de 30 ans est revenu sur les raisons qui l’ont motivées à réinventer ce jeu et a dévoilé ses ambitions.
C’est quoi le tec-tec ball ?
Le tec-tec ball est un jeu de société, avoisinant le football, et très prisé par la population ivoirienne. Ce n’est que la version modernisée du Tec tec que l’on pratiquait pendant l’enfance avec les capsules de bouteilles. Je pense que tout Ivoirien a plus ou moins pratiqué ce jeu dans l’enfance.
D’où vous est venue cette idée de réinventer le Tec tec ?
Je dirai que j’ai d’abord conçu ce jeu pour moi, parce que c’est un jeu que j’aimais quand j’étais enfant. J’ai même joué au tec tec jusqu’en classe de terminale. J’ai pratiqué ce jeu pendant plusieurs années. E,t aujourd’hui j’ai grandi. Je me suis demandé comment rejouer à ce jeu. Je me suis dit que si je restais sur la version classique avec les capsules, les gens allaient me dire que je suis trop vieux pour jouer à ce jeu-là. Alors j’ai inventé un nouveau système de fonctionnement du tec tec qui va nous permettre, à nous qui avons grandi, de revivre notre enfance sans complexe. Le premier prototype que j’ai fait, je l’ai envoyé au bureau et mes collaborateurs ont apprécié. Et on a constaté que chaque visiteur qui venait au bureau appréciait le jeu. Donc on s’est dit pourquoi ne pas le commercialiser. Et c’est comme ça que c'est devenu un business.
Comment se fait le business ?
Nous avons deux versions. Des plateaux qui coûtent 6.500 fcfa dans nos locaux et qui sont revendus dans les grandes surfaces à 8.500 FCFA. Nous avons également les grandes tables qui sont vendues à 125.000 FCFA.
Comment se comporte t-il sur le marché ?
Le tec tec ball se comporte très bien puisque pendant les fêtes de fin d’année, nous avons vendu 400 plateaux sur 500 confectionnés. C’est juste pour dire la population ivoirienne s’est appropriée ce jeu. Et actuellement, nous sommes en phase de communication pour mieux faire connaître ce jeu de société. Nous envisageons de tisser plusieurs partenariats avec des structures comme Côte d’Ivoire Tourisme, par rapport au Sita, avec le Conseil Café Cacao et une compagne de téléphonie mobile avec qui nous travaillons depuis l’année dernière.
Et récemment, on a assisté à la présentation officielle du tec tec, à l’hôtel Tiama, au Plateau...
Effectivement, les responsables de l’hôtel Tiama ont jugé bons de se procurer une table de Tec Tec ball , vu que c’est une pure innovation locale. L’hôtel Tiama a donc décidé de faire la promotion des produits locaux, le vendredi dernier. Nous avons procédé à la présentation officielle de la table de tec tec ball, à l’hôtel Tiama, au Plateau. C’était un événement qui regroupait les clients de l’hôtel et plusieurs de nos partenaires.
En quoi l’inauguration de table de Tec Tec Ball à l’hotel Tiama sera bénéfique pour vous ?
Il y a la promotion vis-à-vis des étrangers puisque l’hôtel Tiama, étant un hôtel 5 étoiles, accueille plusieurs étrangers, des investisseurs, des hommes d’affaires qui viennent de partout dans le monde. La présence du tec tec ball à l’hôtel Tiama va donc nous permettre d’avoir une certaine visibilité sur l’extérieur.
Est ce qu’il y a d’autres endroits où on peut retrouver ce jeu là ?
Nous sommes en partenariats avec Abidjan Mall, où nous avons également eu deux tables de tec tec ball
En concevant un tel jeu, on se dit que vous avez des objectifs à long terme ?
L’objectif d’ici 2020, c’est de concevoir une version complètement électronique de ce jeu de société qui sera la première console de jeu video typiquement ivoirien. Nous allons d'abord faire une version semi-électronique dans les semaines à venir avant de passer à la version électronique finale. Notre objectif dans 5 ans, c’est d’implanter une usine de montage de jeu en Côte d’Ivoire.
Est-ce que ce ne sont pas des projets surréalistes ?
Non pas du tout. Cela est bien possible dans la mesure où, dans un premier temps, nous avons le désir ardent d’atteindre cet objectif. Nous sommes en train de solliciter pas mal d’investisseurs à pouvoir nous accompagner dans ce sens. Nous avons aussi l’appui institutionnel du Cepici qui nous accompagne dans cette initiative.
Avez-vous les moyens de réaliser vos projets?
Le prix Alassane Ouattara du jeune entrepreneur émergent nous a été décerné en 2017, c’est un prix qui nous a permis de pouvoir nous doter d’un capital d’amorçage. Et c’est avec ce capital que nous avons travaillé et investi. C’est un prix, qui de manière sociale, nous a apporté beaucoup parce que ça nous a ouvert pas mal de portes. Je profite pour dire merci au gouverneur du district d’Abidjan pour ce soutien qu’il accorde aux jeunes entrepreneurs ivoiriens.
Vous portez seul le projet?
Nous avons une start up, Creez up, qui s’est donné pour objectif de toujours innover, voire inventer des choses. Vous allez constater que tous nos produits et services sont purement inventions ou innovations. Nous avons deux services : la formation en entreprenariat, c’est une formation très innovante, du nom de ‘’entrepregraphie’’. C’est un nouveau mot que nous avons créé. Tout récemment, nous avons eu un entretien avec le vice-président de la République, M. Daniel Kablan Duncan, à qui nous parlions justement de ce terme que nous avons inventé. Et nous lui avions dit que d’ici 5 ans, ce terme va intégrer l’académie française. Nous en avons rigolé, mais il nous a encouragés à continuer. En fait, l’entrepregraphie est une formation purement innovante qui est l’art de développer une culture entrepreneuriale à travers l’informatique et le management de strart up. Elle part d’un simple calcul, une idée + un ordinateur = une entreprise.
Et nous avons des produits que nous avons lancé comme le tec tec ball, et nous avons d’autres produits que nous sommes en train de concocter dans l’ombre.
On constate que vous avez beaucoup de projets sous la main...
Oui, il faut être entreprenant. J'en profite pour lancer un appel à entreprendre, car nous sommes dans un pays capitaliste et un pays capitaliste ne se développe que grâce aux initiatives des individus internes, c’est-à-dire que nous les jeunes, nous devrons être créateurs de richesse pour la croissance économique de notre pays. J’exhorte les jeunes à se lancer dans l’entreprenariat, à avoir une idée de création d’entreprise, de ne pas toujours blâmer l’Etat.
Gael ZOZORO