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Les États-Unis exercent une domination incontestable sur l’ensemble du monde. Superpuissance depuis la fin de la guerre froide, le pays affiche une supériorité militaire et technologique écrasante sur les autres pays. Les guerres hautement médiatiques du Golfe, du Kosovo, d’Afghanistan, d’Irak… en témoignent.
Les stratégies les plus vindicatives sont cependant réservées à la guerre commerciale que livre le pays au reste du monde, services de renseignements à l’appui. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication jouent un rôle central dans cette politique qui privilégie les intérêts américains d’abord avant ceux des pays en développement. Quand ils ne sont pas d’accord, ils n’hésitent pas à manœuvrer pour affaiblir voire faire tomber le régime au pouvoir. Les exemples sont à profusion dans au Proche-Orient et au Moyen-Orient (printemps arabe), en Afrique (crise en Libye) et en Amérique Latine (Venezuela...). Toute chose qui contribue à accroitre les groupes terroristes dans ces régions du monde et à accentuer les conflits dans certains pays. Les efforts des pays qui cherchent à s’affranchir du système néocolonial occidental se heurtent à une réactivité négative de l’Occident qui voit d’un mauvais l’indépendance totale de ces pays doivent jouir de leur souveraineté et de leur indépendance. En représailles, ce sont des sanctions, des pressions financières etc. Car l’objectif des Américains et leurs partenaires occidentaux, c’est l’exploitation des ressources du continent africain et non le développement des pays.
Le renforcement de la coopération entre l’Inde, la Chine, la Russie, les pays de l’Asie et de l’Amérique latine donne à ces Etats le pouvoir de sortir de l’étau de l’Occident. Le 14e Sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) tenu le 23 juin 2022 a donné l’occasion à ces pays de réaffirmer clairement leur détermination de peser de leur poids dans la régulation de la politique internationale. Trente ans après la décapitation du communisme et le triomphe du capitalisme, les BRICS semblent déterminer à servir de contre-poids contre l’uniformisme occidental.
Les BRICS solidaires de la Russie
Ouvert par le président chinois Xi Jinping, ledit sommet qui s’est déroulé par visioconférence a vu la participation des autres dirigeants des BRICS, notamment le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le président brésilien Jair Bolsonaro, le président russe Vladimir Poutine et le premier Ministre indien Narendra Modi. Le dirigeant chinois a notamment insisté sur la préservation de la paix et de la tranquillité dans le monde alors que « certains pays cherchent à élargir les alliances militaires pour s’assurer la sécurité absolue, à créer la confrontation des blocs en forçant les autres pays à prendre parti, et à prétendre à la suprématie au détriment des droits et intérêts des autres pays. Si nous laissons ces tendances dangereuses se poursuivre, le monde pâtira de plus de turbulences et d’insécurité » a-t-il insisté. Le président chinois Xi Jinping a indiqué que leur regroupement devrait se donner les moyens pour barrer la voie au diktat de l’occident, précisant que « les pays des BRICS doivent se soutenir mutuellement sur les questions touchant à leurs intérêts vitaux, poursuivre le véritable multilatéralisme, défendre la justice, l’équité et la solidarité et rejeter l’hégémonie, l’intimidation et la division ». Une allusion à peine voilée sur la crise russo-ukrainienne dont les développements démontrent de plus en plus que ce conflit est davantage une guerre idéologique opposant les Etats-Unis et l’Europe d’une part, et la Russie et ses alliés d’autre part. En s’affichant aux côtés de Vladimir Poutine et en ne produisant pas une condamnation ferme pour entériner « l’annexion » de l’Ukraine comme l’affirme l’OTAN, les dirigeants des BRICS se montrent que ces derniers sont solidaires de leur membre russe et marquent leur différence.
Le conflit déclenché par la Russie de Vladimir Poutine teste, au fil des jours, la cohésion des sept pays occidentaux les plus industrialisés, et confirme la limite de leur influence dans le monde. Si le G7 joue un rôle central dans la coordination des sanctions engagées contre la Russie et dans l’aide apportée à Kiev, parfois au prix de débats feutrés, il est tenu de composer avec les nombreux pays asiatiques, africains et latino-américains qui refusent de choisir leur camp et s’inquiètent des conséquences du retour de la guerre sur le continent européen. Un conflit souvent considéré par ces Etats comme « régional », au risque de creuser le fossé entre « l’Ouest et le reste » de la planète. Face à cette situation, Le président américain Joe Biden fait lui face à une Amérique encore plus fracturée après la remise en cause du droit à l'avortement par la Cour suprême, dans un pays frappé de plein fouet par une forte inflation.
Le sommet virtuel des BRICS réunissant Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud rappelle aux Occidentaux que Moscou n’est pas un paria pour les pays du Sud. Pour ces chefs d’Etat, pas question de boycotter la Russie, ce qui risquerait de renforcer l’inflation et l’insécurité alimentaire. Assurément, tout laisse croire que le BRICS entendent jouer un rôle plus important pour une redéfinition de la géostratégie à l’échelle planétaire, leur montée en puissance en Afrique par exemple s’inscrivant certainement dans cette logique. Cela est tout à l’avantage des pays africains et aidera à construire un système de relation équilibré pour le continent africain.