Subvention du prix du pain par l'État : boulangers et vendeurs dans l'incertitude





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La flambée des prix du blé fait suite suite à la guerre en Ukraine



 

La guerre en Ukraine a déjà un impact important sur le prix du blé et sur les prix du pain ordinaire également. Avec la Russie, ce pays est un grand exportateur dans le monde. Plusieurs pays africains dont la Côte dIvoire en font déjà les frais. Face à la flambée des prix du blé, le gouvernement ivoirien lÉtat ivoirien qui fixe le prix de la baguette a annoncé des mesures, notamment autour du pain. Mais pendant combien de temps va-t-il continuer de subventionner le prix du pain ? 

LEtat ivoirien a décidé que le pain standard garde le prix initial de 150 Fcfa pour 174 g et une autre baguette qui tend vers la baguette haute évaluée à 232 g, coûtera 200 Fcfa. Moins dépendante des importations de blés russe et ukrainien que certains pays voisins, le pays est tout de même confronté aux conséquences liées à lenvolée des cours du blé sur le marché international. La Côte dIvoire importe près de 500 000 tonnes de blé par an. Pour faire face à la situation, le gouvernement a donc annoncé une suppression des droits de douanes sur le blé importé, taxé jusque-là à 5 % à son entrée dans le pays, ainsi qu’un appui financier aux acteurs de la production de farine de blé. Mais jusqu’à quand le gouvernement déjà occupé à contenir la hausse des produits pétroliers, réussira-t-il à subventionner le prix du pain, un aliment très consommé par les populations ? Pendant combien de temps le gouvernement ivoirien parviendra-t-il à réduire financièrement les risques de pénurie de blé ? Quand on sait que deux ans de pandémie de la Covid-19 ont essoré les ménages et les budgets des Etats. 
Le choc inflationniste provoqué par le conflit fragilise encore davantage la sécurité alimentaire en Afrique. Et il risque dexacerber la frustration sociale. En effet, La situation préoccupe aussi bien les boulangers que les commerçants et vendeurs ivoiriens qui dépendent de la farine de blé. Les boulangers ivoiriens sont partagés entre la diminution du poids de la baguette et laugmentation du prix du pain. Pour eux, la définition du poids fixe négocié par le gouvernement nest pas à leur avantage car elle est contraignante. «On fait leffort de respecter ce poids. Cela nous pénalise un peu parce que déjà ça nous met en difficulté avec certains clients, surtout les livreurs. Ça nous met aussi en difficulté avec notre comptabilité. Désormais nos chiffres daffaires ne sont plus les mêmes », se plaint Daouda Traoré, propriétaire dune boulangerie. Selon lui, cela crée des difficultés au niveau de la rémunération des employés. « Le prix de la farine augmente mais le salaire de nos employés ne diminue pas, le prix des intrants ne baisse pas. Le prix des matériaux utilisés au niveau de la boulangerie elle-même en dehors de la fabrication du pain ne baisse pas », a-t-il fait remarquer. 
Fanta Kanté, vendeuse de pain-condiments (sandwich local) devant une boulangerie est inquiète parce que «le poids du pain actuel ne suffit pas » « On est même gêné parce que le pain est très petit. Finalement, on va arrêter sil ny a pas dargent. () Ils nont quà revoir leur position.  Nous, les ménagères, nous sommes fatiguées. Ceux qui ont 100 francs cfa ne mangeront plus le pain. Parce que si le pain augmente, ils payent les condiments comment ? », sest-elle lamentée.
Assurément, ce dilemme est le résultat de la flambée des prix du blé suite à la guerre en Ukraine. Et il faut craindre que cela ne saccentue car dans certains pays africains, notamment en Tunisie, Sénégal, Mali, Soudan par le passé, laugmentation du prix du pain a provoqué des vagues de manifestations populaires que des gouvernements nont contenir. LOrganisation mondiale du commerce (OMC) a déjà prévenu quil va y avoir un impact important sur les prix. La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva a souligné que limpact économique va aller au-delà de lUkraine. Elle a précisé quaux conséquences des sanctions imposées par les pays occidentaux à la Russie, viendront sajouter à limpact économique du conflit. Et quelles se traduiront principalement par la hausse des prix de lénergie, ainsi que celle des prix des céréales. Toutes chose qui favoriseront une inflation croissante.  Dautant plus que le monde est entré dans les évènements en Ukraine depuis une position de grande incertitude dans léconomie mondiale. La patronne du FMI avait déjà, alerté sur un important risque économique pour le monde. Sans se trouver dans le voisinage direct du conflit, les pays africains risquent den subir les conséquences plus durement quailleurs. Le continent en ressent déjà amèrement les effets, à travers les hausses des prix alimentaires et de lénergie. 

 

GZ

 

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