Les coups d’Etats successifs au Mali, en Guinée et récemment au Burkina Faso, ne doivent pas laisser indifférents les dirigeants ivoiriens.
L’Afrique de l’Ouest vient d’enregistrer son troisième coup d’Etat en moins de six mois.
Après le coup d’Etat qui a mis fin au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août 2021 au Mali, il y a eu le 5 septembre celui contre l’ex-Président guinéen Alpha Condé.
Le 24 janvier 2022, c’était au tour de l’ex-Président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré de subir le même sort. Un coup d’Etat n’est jamais une bonne nouvelle pour le pays dans lequel il se déroule. Car, il vient généralement déstructurer tout un système institutionnel mis en place au prix de mille efforts, et met en berne le développement.
Les push récents, menés par des militaires ont aussi en commun d’avoir mis fin à de nouveaux mandats électifs obtenus par ces dirigeants respectifs. Cependant, ces dirigeants n’ont pas bénéficié de soutien populaire lorsqu’ils ont été déchus. Bien au contraire, que ce soit au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso, l’on a plutôt assisté à des liesses dans les rues pour saluer la fin de leur règne et applaudir les nouveaux dirigeants. Ce constat à lui seul remet en cause la légitimité des déchus. Il est le signe parlant de ce que les mandats qu’ils ont obtenus n’étaient pas l’expression de la volonté de la majorité de leur population.
Les causes sont identiques au Mali et au Burkina Faso, deux pays confrontés aux tueries de groupes terroristes sans que les dirigeants ne trouvent de solutions à cette insécurité.
En Guinée, la cause principale est le 3e mandat obtenu au terme d’un processus électoral non transparent et les vagues de répressions d’opposants qui l’ont suivie.
Est-ce que ces ingrédients n’existent pas en Côte d’Ivoire ?
Mais, dans les trois cas, des militaires ont décidé de mettre fin à la gouvernance des ‘’élus’’ face à un ras-le-bol. C’est la grande leçon que les autres pays de la sous-région non encore touchés, devraient tirer de cette ‘’épidémie’’ de coups d’Etat.
Les militaires détiennent la force des armes. Quand ils décident de s’imposer, un individu au pouvoir ou même son clan ne sauraient les en empêcher. Alors, face à la vague de push dans la sous-région, les dirigeants encore en place doivent s’assurer que les ingrédients ayant servi de prétexte et d’arguments aux putschistes ailleurs n’existent pas dans leur pays.
Malheureusement, la gouvernance actuelle de notre pays ne satisfait pas une grande masse silencieuse qui a hâte de pouvoir, elle aussi, de sortir dans les rues pour fêter un changement de régime. La première raison de cette insatisfaction, ce sont les difficultés sociales (coût de la vie élevé, manque d’emplois, accès difficiles aux service de santé, à l’éducation, etc.) et les injustices. Cette masse silencieuse déplore notamment des emprisonnements arbitraires de détenus politiques, civils comme militaires. Elle fustige également l’exil forcé de certains leaders politiques que le pouvoir empêche de rentrer libres dans leur pays. Il est donc encore temps pour les dirigeants actuels de mettre fin à autant de maux et de poches de tension, et éviter qu’ils servent d’arguments à des putschistes. Aucun sacrifice n’est trop grand pour la paix et la stabilité de son pays.
Nul n’est trop puissant pour rester toujours le plus fort.
Cissé Sindou