Le Coordonnateur des programmes de l’Ong Indigo Côte d’Ivoire, "Initiative de Dialogue et de Recherche Action pour la Paix", Arsène Konan, a animé une conférence de presse, le vendredi 26 novembre 2021, à l’Hôtel Palm Club d’Abidjan Cocody,. Il s’agissait pour lui d’informer la communauté nationale et internationale, sur l’ingénierie déployée et des résultats des espaces de consultation et de dialogue citoyens autour des défis de cohésion sociale consécutifs aux violences électorales de 2020 dans les localités visitées dans le cadre de ces consultations : Dabou, Toumodi, M’Batto et Daoukro.
En effet, selon le conférencier, suite aux violences électorales de 2020, l’Ong a entrepris de mettre en œuvre des espaces de consultation et de dialogue citoyens portants sur les défis de cohésion sociale dans les localités ayant particulièrement connu un pic de violence, en vue d’appréhender les déterminants de cette posée de violence.
Au cours de ces consultations, les équipes ont échangé et mis en dialogue les autorités administratives, communautaires, religieuses, sécuritaires et coutumières, les leaders de jeunesses, les leaders de femmes et les représentants de partis politiques dans les villes sillonnées.
Une façon de contribuer à la cohésion sociale à travers un diagnostic inclusif et participatif des déterminants de la violence sociopolitique dans des contextes spécifiques, en vue de la mise en œuvre d’une réponse adéquate et pérenne. Il ressort de ces consultations, une multitude de facteurs de violence.
Ce sont entre autres : Des ressentiments encore présents du fait de passifs intercommunautaires non soldés ; le repli identitaire et la régulation lacunaire des relations intercommunautaires (notamment le sentiment de déni de la propriété “historique” aux communautés locales ou encore le sentiment de rejet perçu par les communautés non locales) ; l’effritement des valeurs communautaires et sociales (rupture des alliances et méconnaissance des pactes séculaires entre les anciennes et nouvelles générations.
Sans oublier le manque de contrôle parental, non-respect des us et coutumes, et des autorités traditionnelles par les jeunes…) ; la forte politisation des relations intercommunautaires avec en toile de fond une polarisation extrême basée sur l’identité ethnique (distinction entre les ivoiriens de souche et d’adoption, stigmatisation politique des ethnies) ; la gestion lacunaire ou “attentisme” des autorités, des leaders d’opinion et de communautés dans la résolution des différends ; l’influence négative et interférence de la diaspora « interne et externe » (personnes proches, leaders politiques, cadres) dans les relations communautaires notamment avec (les réunions après réunion…) ; la persistance de forts ressentiments du fait de passifs sociopolitiques mal liquidés notamment les crises des années 90 et 95, le coup d’état de 1999, la crise électorale de 2000, la rébellion de 2002 et la crise post-électorale de 2010 …
Le marketing politique axé sur l’instrumentalisation des populations et des jeunes en particulier, du fait du manque de culture et de formation politique ainsi que de leur vulnérabilité socioéconomique ; le déficit d’encadrement des manifestions par les leaders politiques et les forces de sécurité (saccage d’édifices, d’enseignes à l’effigie des leaders politiques, poses de barricades, des empêchements de manifester, des bagarres, destruction de biens…) ont été également cités
Après ce constat, Indigo Côte d’Ivoire a fait des ébauches de solutions telles que la mise en place de cadres permanents de concertation et collaboration (intercommunautaires et interpartites) dans les différentes localités, la mise en place d’un mécanisme en vue de l’identification des passifs non soldés et entreprendre de les solutionner (notamment avec des actions de repentances, des actions d’expiation…) ; la mise en place des cadres de valorisation de la culture, du brassage et des valeurs intercommunautaires dans les différentes localités ; l’implication des jeunes et des femmes dans la recherche et la mise en œuvre des solutions notamment en les responsabilisant au travers de cadre de concertation et de collaboration.
Par ailleurs, le renforcement de capacités, à travers des sessions de formation politique et civique, des populations, des jeunes et militants des différentes chapelles politiques et le renforcement de l’action des forces de l’ordre dans la lutte contre l’insécurité et dans l’encadrement des manifestations sociopolitiques dans les localités.
Pour rappel, ces consultations s'inscrivaient dans le cadre de la mission d'Observation électorale Long Terme ( OLT ) de l’ONG.
Solange ARALAMON