Le temps d’un anniversaire hommage, la famille du football ivoirien a refait son unité, samedi dernier, au stade de l’université d’Abidjan Cocody. Hormis le ministère en charge des sports et le comité de normalisation de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) qui ont étrangement brillé par leur absence alors qu’ils avaient été bien invités à la cérémonie, toutes les composantes du football ivoirien (dirigeants, joueurs, entraîneurs, arbitres, médecins sportifs, journalistes…) ont mis de côté toutes leurs divergences pour commémorer la mémoire de celui qui demeure à ce jour le dernier président élu de la FIF : Augustin Sidy Diallo, décédé le 21 novembre 2020.
De même, les trois principaux candidats à sa succession, à savoir Sory Diabaté, Idriss Diallo et Didier Drogba, ont aménagé leurs agendas pour ne manquer pour rien au monde cette communion avec les amis et la famille de l’illustre disparu, organisateurs de l’événement. « Cette fête est d’abord pour nous les Stellistes », a lancé le président du Stella Club d’Adjamé, Salif Bictogo, au moment où il s’habillait pour prendre part aux matches de gala. Une manière pour lui d’expliquer son implication personnelle dans cette célébration de celui qui a été une figure marquante de l’histoire du club vert et blanc.
Cette quasi unanimité des acteurs du football ivoirien, loin d’être empreinte d’hypocrisie, traduit simplement l’œuvre utile du président Sidy Diallo de son vivant. Ses qualités humaines continuent de plaider en sa faveur. Les témoignages recueillis au cours de cet anniversaire hommage en sont une illustration patente. Chacune des personnes présentes au stade de l’université d’Abidjan Cocody, samedi dernier, a une histoire particulière avec lui. Il est indéniable maintenant que ce qu’on retient le plus du président Augustin Sidy Diallo (ASD), c’est l’homme qu’il a été.
Et pourtant, combien a-t-il été monumental le dirigeant sportif, le président de la Fédération Ivoirienne de Football ! Au Stella Club d’Adjamé, son équipe de cœur, on continue de se souvenir du garçon qui suivait son frère aîné Amadou Diallo et qui s’est impliqué par la suite dans la vie de la famille vert et blanc. Samedi, les dirigeants stellistes actuels ont matérialisé leur reconnaissance par la remise d’un maillot symbolique à la veuve du président ASD.
Entré très tôt à la FIF, dans le comité exécutif du défunt président Dieng Ousseynou, alors qu’il avait à peine la trentaine, Sidy Diallo est entré dans l’histoire de la sélection nationale en étant au cœur de la campagne victorieuse de Sénégal 92, la première CAN remportée par la Côte d’Ivoire. Toujours en qualité de responsable de l’équipe, au sein du comité exécutif du président Jacques Anouma, c’est encore lui qui mène sa troupe à la qualification historique pour la Coupe du monde en 2006, en Allemagne.
Tout naturellement, en 2011, il est élu président de la FIF. Aussitôt, en 2012, il dispute sa troisième finale de CAN avec les Eléphants à Libreville (Gabon), malheureusement perdue face à la Zambie aux tirs au but. La quatrième sera couronnée de succès, à Malabo (Guinée Equatoriale), devant le Ghana, comme en 1992.
Mais, avant ces nouvelles émotions avec les seniors, il a vécu celles de la première victoire du football ivoirien dans les catégories de jeunes en Afrique. Ainsi, en 2013, la Côte d’Ivoire rafle la CAN des Cadets à Casablanca, face au Nigeria.
L’année suivante, en 2014, sous sa houlette, la sélection nationale féminine décroche la médaille de bronze à la CAN en Namibie, après avoir disputé la première CAN de son histoire en 2012. Une belle performance qui permet aux Eléphantes de participer pour la première fois à la Coupe du monde féminine, au Canada, en 2015.
En 2014, comme en 2006, Sidy Diallo réussit la prouesse de conduire la Côte d’Ivoire à la Coupe du monde, au Brésil. La troisième d’affilée des Eléphants. Et pour boucler la boucle, il atteint son objectif d’amener les Eléphants Espoirs aux Jeux Olympique de Tokyo 2020, après avoir joué la finale de leur catégorie en 2019, au Caire (Egypte).
Au plan local, hormis la hausse substantielle du financement des clubs, nous retiendrons que Sidy Diallo est celui a fait entrer le football ivoirien dans l’ère des droits télé, avec la signature d’un contrat remarquable avec la chaîne cryptée française, Canal+. Sans oublier qu’avec l’éclairage du Champroux et du Parc des Sports, les sportifs ivoiriens ont retrouvé l’ambiance des matches de championnat en nocturne.
Par pudeur et par modestie, ses collaborateurs et ses admirateurs se gardent de rappeler le « palmarès » d’ASD. Et pourtant, l’histoire est un témoignage. Sidy Diallo est notre héros !
Par Magloire Diop