Ancien ministre et député, Hubert Oulaye a été nommé, le 25 octobre, président exécutif du PPA-CI, le nouveau parti de l’ex-chef de l’État, aux dépens de nombreux caciques. Un choix très stratégique.
Hubert Oulaye a-t-il été surpris ? Ce n’est que quelques jours avant le congrès constitutif du parti, le 17 octobre dernier, que Laurent Gbagbo lui a fait part de sa volonté de lui con!er les rênes du Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA-CI). Député de Guiglo, dans l’ouest du pays, depuis mars dernier, Oulaye était déjà en première ligne du combat des pro-Gbagbo en tant que patron du groupe parlementaire d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS, opposition).
« En nommant Hubert Oulaye président exécutif, Laurent Gbagbo récompense la !délité des gens de sa région qui lui ont donné sept députés, soit presque l’e"ectif d’un groupe parlementaire, qui est de huit élus, con!e un proche de l’ancien président. C’est un message fort à l’endroit de cette partie du pays qui a été martyrisée pendant les crises que nous avons traversées et qui est courtisée par le PDCI [Parti démocratique de Côte d’Ivoire] et le RHDP [Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix]. »
Convaincre Simone Gbagbo
Ce professeur de droit constitutionnel à la retraite de 67 ans est un militant de la première heure du Front populaire ivoirien (FPI), désormais aux mains de Pascal A# N’Guessan. Directeur de cabinet de Laurent Gbagbo à la !n des années 1990, il a également présidé le comité de contrôle du FPI à partir de 2001. Ministre de l’Emploi et de la Fonction publique durant les dix ans de pouvoir de Gbagbo (de 2000 à 2010), il s’exile au Ghana après la crise postélectorale de 2011.
Alors qu’il est de retour en Côte d’Ivoire, il est arrêté en 2015, condamné à vingt ans de prison pour complicité dans l’assassinat de sept Casques bleus et incarcéré jusqu’à son amnistie, en 2018. L’ex-ministre a toujours rejeté ces accusations.
« Le choix de Hubert Oulaye pour diriger le parti est le résultat du consensus, analyse Sékou Oumar Diarra, docteur en philosophie politique. Laurent Gbagbo a aussi dû donner le primat aux critères de con!ance et de disponibilité. Dans son dernier livre coécrit avec François Mattéi, il dit avoir été déçu par le comportement de certains collaborateurs et reconnaît avoir commis beaucoup d’erreurs dans ses décisions. »
Un rajeunissement relatif
Au sein du parti, Hubert Oulaye est considéré comme un homme conciliant au caractère tempéré dans les moments de tension. Sa première mission a été de tenter de convaincre Simone Gbagbo de rejoindre le conseil stratégique politique du PPA-CI. Le 25 octobre, alors que la presse et les militants étaient conviés à une conférence, il menait une ultime négociation avec l’ancienne première dame, qui a refusé cette main tendue.
Les proches de Laurent Gbagbo expliquent aussi que celui-ci a voulu rajeunir le parti et mettre une nouvelle génération en première ligne – un message martelé par Habiba Touré, porte-parole de l’ancien président aux côtés de Justin Katinan Koné. Certes, les 67 ans de Hubert Oulaye ne marquent qu’un rajeunissement tout relatif, mais cet âge reste inférieur aux 76 ans d’Assoa Adou.
Relais de l’ancien président durant ses dernières années de démêlés judiciaires avec la Cour pénale internationale (CPI), ce dernier a pris la tête du conseil stratégique politique chargé de donner les grandes orientations. « C’est une manière pour Laurent Gbagbo de s’assurer que la base idéologique socialiste soit toujours auprès de lui. Le conseil est un outil à sa disposition », estime un membre du parti.
Outre Oulaye et Assoa Adou, le dernier homme à prendre une place centrale est Damana Pickass, 49 ans, nommé secrétaire général. Dans les semaines à venir, Hubert Oulaye aura la lourde tâche de construire le PPA-CI tout juste né, et de travailler à son implantation à travers le pays.
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