Interview-Koné Fidèle Lagnon (Fondatrice de la fondation Mission d’amour" : " Certaines familles pensent que ces enfants sont à la base du décès de leurs mères"





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Fondatrice  de la fondation Mission d’amour qui s’occupe des enfants qui perdent leurs mères à la naissance, Mme Koné Lagnon Fidèle est une femme complète. Mère de famille, chef d’entreprise, actrice, chanteuse. Dans un entretien qu’elle nous a accordé, elle parle de sa carrière et de sa passion pour les enfants.

 Fondatrice de la fondation Mission d’amour, assureur, DG de "Poro productions", DG de "Poro Food", Qu’est ce qui fait courir Mme Koné fidèle ?

Je suis maman de 3 garçons mais mère d’une centaine d’enfants. Je suis issue d’une famille pauvre, et dans mon enfance, il a fallu que par nos efforts personnels, mes frères moi, puissions être là où nous sommes. Du coup, cela m’a toujours donné l’envie d’essayer plusieurs choses à la fois. De deux, j’aime découvrir, chercher et fouiner. Sur ce fait, j’ai une anecdote que j’aime raconter à mes enfants, je ne comprenais pas comment des gens pouvaient parler et chanter à la radio. A la télévision, je voyais les images, mais pas à la radio. J’ai donc démonté le poste radio de mon père et j’ai vu des fils avec plusieurs couleurs. J’ai tout découpé sans rien trouver. A son retour du travail, il m’a battu, espérant que je ne recommencerais plus. Il a donc acheté un second poste que j’ai démonté d’une autre manière. Il m’a une fois encore battu et est allé acheter un tout petit poste radio. J’ai encore démonté le poste et cette fois, au lieu de me frapper, il m’a laissé partir car il risquait de me tuer. Cette histoire a fait que jusqu’aujourd’hui, je n’ai pas de poste de radio. Surtout que je n’ai pas trouvé ce que je recherchais. Pour moi, le poste radio est une arnaque. Aujourd’hui, j’occupe toutes ces fonctions parce que j’ai été très tôt responsabilisée. J’étais l’aînée de ma famille et l’on me disait à chaque fois que si je ratais ma vie, mes frères et sœurs allaient en faire de même. Je suis donc la mère pour mes petits frères et cela m’a suivi positivement. Il fallait réussir dans mes études et surtout bien travailler à l’école pour se distinguer des autres. J’ai donc fait un BTS en assurances, mais j’ai voulu poursuivre mes rêves. C’est pourquoi, je me suis inscrite en communication pour faire un cycle ingénieur. J’ai fait également diverses formations pour être polyvalente.

De la communication à l’alimentation, comment le pas a été franchi ?

J’ai vu dans plusieurs reportages et moi-même de ma propre expérience, je me suis rendue compte que dans notre alimentation, nous mangeons des choses qui ne sont pas vraiment naturelles. Et comme notre santé dépend de ce que nous consommons, j’ai pensé à mettre sur le marché, des produits qui respectent des normes et qui étaient sains afin d’améliorer notre santé. j'ai donc créer "Poro Food" qui propose des produits tels que la pâte d'arachide, la pâte de pistache, la poudre de piment, la poudre de gombo seché appeloé "Djoumgblé", etc. 

Comment est venue d’idée de la création de la Fondation mission d’amour ?

C’est  venu d'une expérience malheureuse que j’ai vécu  et que j’ai transformé en sacerdoce.  Il y a environ 17 ans,  j’ai failli mourir en donnant la vie. Ma voisine de chambre est malheureusement décédée et j’ai vu comment son bébé a été l’objet de rejet par la famille de celle-ci. J’ai compris sur le champ qu’il fallait des personnes de bonne volonté pour prendre soin de ces enfants. C’est ainsi qu’est née la "Fondation Mission d'Amour".

Quels sont les enfants que vous recueillez ?

La fondation recueille les enfants qui perdent leurs mères en couche et qui sont rejetés par les familles.

Comment êtes-vous informée pour les cas ?

Notre fondation est reconnue par les autorités et nous avons tous les agréments pour exercer. Donc lorsqu’il y a des cas de rejets dans les hôpitaux, les responsables nous contactent et nous nous rendons sur place pour remplir toutes les formalités afin de  recueillir les enfants pour venir au centre.

Vous rencontrez des cas ou des parents se débarrassent des enfants qui vivent cette expérience ?

Pas que ces parents se débarrassent de ces enfants, mais il y a encore le poids culturel qui est tel que ces enfants sont marginalisés. Certaines familles pensent que ces enfants sont à la base du décès de leurs mères. Donc elles sont plus préoccupées à organiser les obsèques de la mère et à ce moment, l’enfant est complètement oublié.

Y a-t-il des familles qui reviennent après pour récupérer les enfants ?

Oui, nous avons des familles qui reviennent pour demander à récupérer les enfants. Nous nous assurons que ce sont des membres des familles biologiques et nous remplissons des documents pour attester que l’enfant est reparti dans sa famille. Nous continuons de les visiter lorsque ces familles n'ont pas assez de moyens financier pour prendre soin de ces enfants.

Et au cas où personne ne vient réclamer l’enfant ?

Si personne ne vient le réclamer, l’enfant reste au centre ici. Nous prenons soin d’eux. Nous avons du personnel qui s’occupe de ces enfants. Nous vivons avec eux. Je suis la maman pour eux tous, mon époux est le père de famille et tout se passe bien. Nous prenons soin d’eux, nous les soignons quand ils sont malades, nous les scolarisons. Aujourd’hui, nous avons environ 35 enfants à charge et plusieurs d’entre eux vont à l’école.

Où trouvez-vous de ressources pour prendre soin de tous ces enfants ?

C’est  justement pour bien prendre soin de tous ces enfants que je suis obligée de mener plusieurs activités. Nous n’avons pas de subventions. Mais il y a des âmes généreuses qui nous viennent en aide de temps en temps.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cette mission ?

En termes de difficultés, nous en rencontrons, mais par la grâce de Dieu, nous tenons le coup depuis plus de 15 ans. Il y a des moments où il y a des manques, mais Dieu pourvoit toujours car il suscite toujours des âmes généreuses qui nous apportent leur soutien. Je profite de cette occasion pour dire merci à tous nos bienfaiteurs. Nous prions Dieu de toujours se souvenir d’eux.

Comment arrivez-vous à mener à bien toutes ces activités ?

Avant, on disait aux femmes, sois belle et tais-toi, mais aujourd’hui, cette donne a changé car l’homme et la femme sont complémentaires car avec les réalités du quotidien, l’on se rend compte que l’homme seul ne peut pas prendre soin d’une famille.  Pour y  arriver, il faut juste s’organiser. Et la communication gère plusieurs choses. Il faut donner à chaque chose sa place et surtout donner le respect et la considération qu’il faut à son homme. J’aime souvent à dire que l’homme a trois choses qu’il faut arriver à dompter pour vivre à l’aise dans son foyer. Il s’agit d’abord de son côté animal, en ne faisant rien pour se mesurer à lui, ensuite de son côté enfant, en le dorlotant et enfin de son côté roi où on doit  le mettre au-dessus, en le magnifiant. Quand ces trois facettes sont bien maîtrisées, le foyer se porte bien. Mais tout cela aussi s’apprend à l’école et on complète avec l’école de la vie.

Depuis un moment, vous vous retrouvez dans la musique. Qu’est ce qui s’est passé ?

C’est le prolongement de l’art car je suis productrice audiovisuelle, actrice et réalisatrice. Déjà en classe de 5e, j’ai dit à ma mère que je voulais arrêter la musique pour chanter. Elle est rentrée dans une telle colère que j’ai refoulé cette passion. J’ai fait ce que les parents voulaient et depuis un moment, cette passion a refait surface et je n’ai pas pu échapper. Je veux donc me faire plaisir et en même temps, être l’une des rares artistes tagbana du pays.

De quoi traite votre chanson ?

Cette première chanson traite d’un thème évocateur des pères qui renient les grossesses et qui reviennent plusieurs années plus tard pour espérer bénéficier des retombées de la réussite de ces derniers. Je me suis inspirée de l’histoire d’une de mes amies qui n’a pas été reconnue par son père.  Ce dernier a dit que sa grossesse était une honte pour lui. Et à chaque fois que la mère essayait de le rencontrer pour lui parler de sa fille, il la rejetait en lui disant qu’une telle malédiction ne pouvait pas être son enfant. Aujourd’hui dans la société cette fille est devenue une femme de distinction qui a ses entreprises et qui est un modèle pour moi. Et comme Dieu sait équilibrer les choses, son père qui n'a plus les moyens est revenu voir la mère. Il est rentré en contact avec la mère de sa fille afin de revoir sa fille. Cette dernière les a mis en contact, mais l’enfant a dit qu’elle ne l’a pas connu comme père. Elle fait ce qu’elle peut pour lui, mais leur relation n’est pas celle de père à fille. Et comme moi aussi j’ai des enfants qui sont dans des cas un peu similaires, cela m’a inspiré. J’ai voulu chanter dans ma langue maternelle pour démontrer qu’on peut très bien chanter en tagbana et plaire.

C’est juste un essai ou alors le début d’une carrière musicale ?

C’est un album de six (6 ) titres que j’ai mis sur le marché qui se débrouille comme il peut. C’est le premier bébé mais quand je finis tout ça, je rentre en studio. Nous sommes en pleine répétition pour le prochain album.

Quels sont projets futurs ?

Nous sommes en train de finaliser une télévision. Nous commençons par une web radio et une web TV et progressivement, nous allons arriver sur le bouquet. Nous sommes également en écriture pour notre prochaine série. Nous avons terminé la saison 2 de "Aholé" et bientôt le tournage va démarrer. Nous voulons que les écritures de nos séries soient impeccables. Donc nous travaillons beaucoup dessus car elle intègrera plusieurs acteurs ivoiriens et ceux de la sous-région. Au niveau de "Poro food", nous avons fait rentrer de nouveaux produits tels que le  "soumara au piment", la poudre de crevettes, le poisson moulu et le gingembre moulu qui est venu s’ajouter à  la gamme de produits déjà existants.

Solange ARALAMON

  

 

 

 

 

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