En saisissant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), le comité exécutif sortant de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) et le collectif de 38 membres actifs demandaient non seulement l’annulation de la décision de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) de nommer un comité de normalisation à la FIF, mais aussi la poursuite du processus électoral de 2020 à partir de là où la FIFA l’avait suspendu. Malheureusement, pour eux, le TAS a rejeté leur requête en se fondant sur des questions de forme.
Ce jugement, bien que confirmant les décisions de la FIFA, a laissé bien des observateurs et acteurs du football ivoirien sur leur faim. Au-delà même du maintien ou non du Conor-FIF, ceux-ci espéraient voir l’institution juridique de Lausanne (Suisse) vider le contentieux électoral ivoirien.
On avait souhaité avoir du TAS son interprétation de la décision rendue par la commission électorale de la FIF le 26 août 2020, notamment les points relatifs à l’invalidation des lettres de parrainage données par Antoine Bahi et Danon Roland respectivement au nom de l’Africa Sports et l’Amicale des Arbitres de Football de Côte d’Ivoire (AMAFCI). Hélas ! Le TAS n’a pas voulu se prononcer sur ces questions, les laissant de fait en suspens.
En cela, l’institution juridique de Lausanne n’a pas aidé à démêler le nœud gordien du processus électoral ivoirien. Le TAS se serait clairement prononcé sur les cas de l’Africa et de l’AMAFCI que ses décisions auraient servi de jurisprudence et auraient clos définitivement le débat sur le bicéphalisme ambiant au sein de ces membres actifs. Au lieu de cela, on se retrouve à la case départ.
L’Africa Sports est toujours sous le sceau d’un schéma bicéphale avec le comité exécutif d’Alexis Vagba et le Conor-Africa dirigé par Yves Zogbo Junior. On pourrait même dire tricéphale si Antoine Bahi faisait resurgir son projet. Quant à l’AMAFCI, on n’a pas avancé d’un iota. Samedi dernier, pendant que Coulibaly Souleymane dirigeait une assemblée générale ordinaire à Divo, Danon Roland et ses partisans eux, se retrouvaient dans les locaux de la fédération à Treichville, à l’invitation du Conor-FIF. Un scénario surréaliste alors que l’AG Ordinaire de l’AMAFCI avait été annoncée depuis des semaines. Comment le Conor-FIF n’a-t-il pas pu flairer la potentielle confusion et prendre le devant de choses ?
Visiblement, le TAS a comme renvoyé les acteurs du football ivoirien à leurs palabres. Avec l’annonce de la reprise du processus électoral en novembre 2021, on constate la réapparition des vieux démons. Le Conor-FIF, dans les bras de qui le TAS et la FIFA ont refilé la patate chaude, semble dépassé par les événements. La présidente Mariam Dao Gabala et son équipe ont l’air de manquer de courage managérial. Ils se montrent trop hésitants dans la prise de décisions conformes aux dispositions réglementaires en vigueur. Pis, leur laxisme est en passe d’engendrer l’ouverture d’un autre front sein du club G27 (D3) avec l’installation latente d’un bicéphalisme.
Finalement, un an après, on est revenu à la case départ. La FIFA et le Conor-FIF ont brassé du vent, se concentrant sur des chantiers spectaculaires mais non essentiels au regard des fondements de la crise ivoirienne. Les vrais problèmes qui ont entraîné la crise électorale n’ont toujours pas trouvé de solutions. C’est cela la triste réalité actuelle du football ivoirien.
Par Magloire Diop