Chanteur et producteur français, Jacob Desvarieux est décédé le vendredi 30 juillet du Covid-19 au CHU de Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, à l’âge de 65 ans. Retour sur le parcours d’une légende du zouk dont la voix était connue de tous.
Jacob Desvarieux est né à Paris le 21 novembre 1955. Il passe son enfance entre la Guadeloupe, la Martinique, et le Sénégal où il se rend avec sa mère dès l’âge de 4 ans. Très rapidement passionné par la musique, il fonde un premier groupe de rock avec ses amis baptisé The Bad Grass, rebaptisé plus tard Sweet Bananas et basé à Marseille.
C’est en 1979 que commence sa carrière musicale. Avec Pierre-Edouard Décimus et Freddy Marshall, l’artiste fonde le groupe Kassav’ fait référence à la cassave (galette de manioc) en créole, à une époque où le disco règne en maître. D’autres membres viendront ensuite s’ajouter à l’équipe musicale au fil des années. Entre 1979 et 2013, ils composent ensemble et avec les nouveaux membres du groupe pas moins de 16 albums. Jacob Desvarieux mêlait plusieurs styles de musique antillaise avec notamment le funk nord-américain était une nouveauté pour l’époque, surtout dans les années 80. Avec des influences de salsa et de reggae, Jacob Desvarieux a permis, avec le groupe Kassav’, de faire danser de nombreuses salles de concert, et de marquer l’histoire de la musique. Le groupe entame une tournée pour ses 40 ans d'existence en 2019, dont un concert à La Défense Arena devant 40 000 personnes.
Parallèlement, Jacob Desvarieux travaille également sur ses propres albums, comme "Euphrasine's Blues" en 1999. Il compose une chanson avec Passi en 2003 qui figure sur l'album "Dis l'heure 2 zouk". Durant près de 40 ans, la bande a parcouru le monde, a réalisé une vingtaine d’albums et reçu de nombreuses récompenses. Il collabore sur plusieurs projets musicaux avec des artistes africains.Ce qui fait dire aux puristes de la musique que Jacob Desvarieux, pilier de Kassav' est le monstre sacré du zouk.
Son signe astrologique Scorpion pourrait expliquer son caractère passionné, son élan de générosité et son ascendant en tant que leader du groupe Kassav. Car, selon ses collaborateurs dont Jocelyne Beroard qui s’est exprimé au lendemain du décès, sur la chaîne RTL, "Jacob, c'était le grand frère, c'était le sage", comme tout bon meneur.
Jacob, l’humaniste !
Jacob Desvarieux n’était pas seulement que l’artiste. Il s’engageait dans des causes humanitaires qui lui tenaient à cœur. C’est ce cadre qu’en 2007, il s’associe à l'association "1 pour tous, tous pour l'autisme", dont il devient le parrain. Issu d'une famille très modeste, Jacob est resté très solidaire avec les "racisés" et les nobles causes, tout en restant discret sur ses engagements humanitaires, sans en faire un objet de promotion personnelle. "On réalise beaucoup d’œuvres humanitaires. Pour nous, quand on a la chance d’avoir de la notoriété, on doit donner aux gens qui nous l’ont donnée. On se rend compte également que les gens que l’on aide n’ont pas envie de servir de publicité" dit, fort modestement ce musicien humaniste.
Si sa vie professionnelle et sa carrière musicale ont été un réel succès, l’on ne dira pas de même pour sa vie familiale. En effet, en janvier 2003 Jacob Desvarieux, père de quatre (4) enfants est condamné avec sursis pour non-paiement de plusieurs pensions alimentaires, d'un montant mensuel de 1 235 à son ancienne compagne, aujourd'hui domiciliée à Créteil, entre le 1er juillet 1999 et le 10 mai 2001.
Début juillet 2021, Jacob Desvarieux est hospitalisé. Le chanteur, diabétique et qui a subi une greffe du rein, a également été testé positif au coronavirus. Devenu très fragile, son état s’est rapidement aggravé et a poussé les médecins à le plonger dans un coma artificiel dont il ne s’est jamais réveillé. "Les Français perdent aujourd’hui un artiste de talent et une voix connue de tous", a déclaré le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, sur Twitter.
Plusieurs personnalités n’ont pas tardé à rendre hommage au chanteur, musicien et producteur. "Jacob Desvarieux nous laisse en héritage un condensé rythmé des legs précieusement transmis par ceux qui nous ont précédés", a déclaré le président du Conseil régional de Guadeloupe, Ary Chalus.
Solange ARALAMON