Accès universel à de l’eau propre, à des toilettes décentes et à l’hygiène : Comment les pays en développement peuvent booster leur économie (Rapport)





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Selon un rapport réalisé par l’agence d’aide internationale WaterAid et rendu public le 7 juillet dernier, la situation économique des pays en développement bénéficiera d’un coup de pouce de plusieurs milliards de dollars au cours des vingt prochaines années si l’on garantissait l’accès universel à l’eau propre, à des toilettes et à l’hygiène.

 

Ce rapport paraît alors que le gouvernement britannique s’est trouvé sous le feu des critiques après avoir décidé en début d’année, de réduire de 80 % les aides pourtant vitales allouées aux pays en développement pour mener des programmes d’approvisionnement en eau propre, d’hygiène et d’assainissement.

 

Une décision qui a divisé jusque dans la majorité.  "Si l’on assurait l’accès de tous, partout, à des services élémentaires d’eau, d’hygiène et d’assainissement, par exemple un puits à 15 minutes de marche, des toilettes dans chaque foyer et de l’eau et du savon pour se laver les mains, on pourrait récupérer 21 fois la somme investie", affirme Vivid Economics, qui a mené les recherches et fourni les analyses utilisées dans le rapport.

Le rapport, intitulé "Mission critical: invest in water, sanitation and hygiene for a healthy and green economic recovery" (Une mission vitale : Investir dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour un relèvement sain et vert de l’économie), démontre que, si l’on atteignait les niveaux d’accès fixés par les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, on pourrait débloquer d’importantes sommes d’argent si chacun disposait de toilettes permettant de gérer les déjections en toute sécurité (cela rapporterait 86 milliards de dollars US par an sous la forme, entre autres, d’une productivité accrue et d’une réduction des frais de santé). Mais aussi si chacun disposait d’un endroit pour se laver les mains avec de l’eau et du savon (cela rapporterait 45 milliards de dollars US par an). Et surtout si chacun disposait d’un robinet chez soi (cela rapporterait 37 milliards de dollars US par an.

 

Le rapport de WaterAid  qui a été publié quelques jours seulement avant la réunion des ministres de l’Économie des pays du G20 qui s’est déroulée le samedi 10 juillet, et alors que nombre de pays en développement luttent pour contenir les vagues successives et dévastatrices d’infections à la COVID-19 qui risquent de surcharger des systèmes de santé déjà fragiles et des économies sérieusement fragilisées par les confinements et les restrictions des déplacements. Il appelle les gouvernements, les donateurs et les entreprises à placer les investissements dans les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) au cœur de leurs plans de relance budgétaire dans les pays en développement afin de renforcer la reprise économique et de soutenir les plans de préparation aux futures pandémies.  

 

"Investir dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène est vital, non seulement pour mettre un terme à cette pandémie et en éviter une nouvelle, mais pour permettre à l’économie de rebondir en débloquant des milliards de dollars potentiels au profit de l’économie mondiale.

L’eau et l’assainissement ont été mis sur le banc de touche pendant trop longtemps et leurs bénéfices ont été sous-évalués, enfermant des millions de personnes dans la pauvreté. Nos recherches montrent qu’investir dans ces domaines serait extrêmement rentable. Assurer l’accès de tous, partout, à des services élémentaires d’eau, d’hygiène et d’assainissement permettrait de récupérer jusqu’à 21 fois la somme investie.

Nous ne pouvons pas revenir au monde d’avant la pandémie et reprendre notre vie comme si de rien n’était. WaterAid appelle les gouvernements, les donateurs et les entreprises à faire ce qui est juste et à donner la priorité aux communautés les plus vulnérables en plaçant les investissements dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène au cœur de leur riposte à la pandémie de COVID-19, de leur plans de préparation aux futures pandémies et de leurs plans de relance verte", a rappelé Tim Wainwright, directeur général de WaterAid.  

 

Au rythme actuel, le sixième ODD, c’est-à-dire l’accès universel à une eau propre et à l’assainissement, ne sera atteint que plusieurs décennies après l’échéance de 2030. Dans certains pays, on constate même un recul de la proportion de personnes ayant accès à ces services, en particulier à des installations élémentaires d’assainissement. Dans les pays les moins développés, il faudrait avancer à un rythme 10 à 23 fois plus rapide si l’on souhaite atteindre les ODD et autres objectifs d’équité en matière de santé. 

 

Selon WaterAid, l’une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas en bonne voie d’atteindre les objectifs est que les gouvernements, les donateurs et les entreprises sous-estiment parfois la valeur économique d’un accès universel aux services EAH et que, par conséquent, les niveaux d’investissement sont souvent trop faibles. 

Le rapport contient une analyse mondiale et régionale des coûts et des avantages liés aux investissements dans les services EAH. Il présente aussi des études de cas menées à Burie, en Éthiopie, et à Shyamnagar, au Bangladesh, qui montrent les retombées positives, sur les plans sanitaires, économiques et environnementaux, des programmes de services EAH menés localement. Ces derniers ont renforcé la résilience de communautés marginalisées face aux conséquences du changement climatique, en particulier au profit des femmes et des filles. 

 

En conclusion, le rapport propose de protéger les infrastructures d’eau et d’assainissement contre les risques accrus d’inondations est l’une des meilleures façons de protéger les populations les plus vulnérables des conséquences du changement climatique. Pour chaque dollar investi dans le renforcement stratégique de la résilience face aux inondations, on peut économiser 62 dollars de réparations matérielles tout en prévenant des risques potentiellement fatals liés à la contamination des sources d’eau potable.

 

Il faudra aussi penser à la mise à disposition d’une simple pompe collective ou d’un puits permettrait aux femmes et aux filles de gagner l’équivalent de 77 millions de journées de travail par an, soit le temps qu’elles passent aujourd’hui à aller chercher de l’eau. Installer un robinet dans chaque foyer permettrait aux femmes de gagner l’équivalent de 122 millions de journées de travail, un temps qui leur est dérobé chaque année. On pourrait ainsi transformer la vie, les perspectives et la liberté des femmes et des filles, et favoriser la réussite économique des pays concernés. Car, atteindre les objectifs fixés par les Nations Unies en matière d’assainissement permettrait d’éviter jusqu’à 6 milliards de cas de diarrhée ainsi que 12 milliards d’infections par des vers intestinaux entre 2021 et 2040.  Enfin, l’accès universel au lavage des mains peut réduire les infections cumulées en cas d’épidémie de maladie respiratoire, même si aucune autre mesure n’est prise. Cela permettrait de gagner du temps ce qui, comme le montre la COVID-19, peut s’avérer essentiel pour contenir la maladie et y riposter afin d’éviter la propagation des infections.  

Solange ARALAMON

 

 

 

 

 

 

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