Interview-Barthelemy Inabo Zouzoua: "Je suis heureux de savoir que Vitale apprend à chanter..."





interview-barthelemy-inabo-zouzoua-quotje-suis-heureux-de-savoir-que-vitale-apprend-a-chanterquot


Barthelemy Inabo Zouzoua, producteur et animateur d’émissions de variétés de par sa formation est revenu à la RTI après quelques années d’absence. Son retour signe aussi celui de son émission de vacances à succès "Variétoscope" qu’il est en train de remodeler avec une jeune génération d’animateurs. Dans cet entretien, il donne les raisons de son come-back à la maison bleue et lève un coin de voile sur l’incident qui l’a opposé à la chanteuse Vitale et qui a défrayé la chronique sur les réseaux sociaux.

 

Depuis 2 ans, vous êtes revenu à la RTI en tant que consultant. Comment votre retour s’est-il passé ?

Quand le nouveau DG de la RTI, M. Fausseni Dembélé est arrivé, il a eu une démarche qui m’a intrigué au début parce que ce n’est  pas le genre de la maison, même si au temps de Kébé Yacouba, ce genre de choses se passait. Il m’a appelé pour prendre  de mes nouvelles et un mois après, il m’a dit qu’il voulait discuter avec moi. L’accueil m’a fait vraiment chaud au cœur. Il m’a accueilli comme on accueille un frère, un aîné. Quand il m’a demandé ce que je pensais de la télé actuelle et ce que notre génération pouvait ajouter à l’évolution de cette télé, je lui ai répondu qu’il y a longtemps que je ne suivais plus  la RTI, mais ce que je pouvais dire, c’est qu’il n’y avait pas eu de liaison entre l’ancienne et la nouvelle génération, alors qu’il doit toujours avoir un passage de relais progressif. Quand vous regardez la télévision française, les anciens ne sont pas jetés. Mais ils forment d’abord et progressivement, eux-mêmes se retirent.  Il m’a demandé si cela m’intéressait de reprendre l’aventure pour passer le relais. L’approche était totalement différente et je ne pouvais pas dire non. J’ai dit oui et depuis deux ans, non seulement jr suis dans la production, mais je produis aussi et je dirige la cellule éditoriale et de veille de la chaine.

Quel est le rôle de cette cellule ?

Le comité éditorial de veille de la chaine est le gendarme des trois chaines de télévision et des deux chaines de radio qui composent le groupe RTI. Nous sommes un peu les taupes chez les concurrents. Nous regardons ce que les autres font et nous aidons la direction des chaines et la direction générale à préparer la réplique. Nous sommes une quinzaine  de membres avec des anciens et des nouveaux. Là par exemple, nous préparons la réplique parce que les émissions phares qui meublaient les chaines s’en vont en vacances. Nous aidons à la mise en place des émissions de vacances. Nous aidons les jeunes à produire en regardant ce que la concurrence fait.

Vous êtes donc revenu avec votre émission phare Variétoscope. Cela faisait-il partie de votre deal ?

A la vérité, nous avions mal passé le relais. J’ai essayé de passer le relais à Nahomi et Eric, mais je ne suis pas arrivé au bout parce que je suis tombé malade. Donc quand je suis revenu, la première chose que le DG m’a demandé, c’est de réveiller Variétoscope. C’est ce que nous sommes en train de faire depuis 2019 avec Eric et certains jeunes qui montent à côté. Nous étions restés d’abord sur Abidjan, mais là, nous essayons de reconquérir l’intérieur du pays. Et au bout de un ou deux ans, moi, je passerai complètement le relais aux jeunes gens qui seront aguerris et qui continueront.

Cette année, quelles sont les innovations que vous apportez à Variétoscope 2021, en pensant aux autres télévisions ?

La lutte avec les jeunes chaines est âpre à Abidjan et dans sa banlieue. Les autres chaines sont des chaines urbaines. La RTI est une chaîne nationale car nos plus gros téléspectateurs sont à l’intérieur du pays. Ce qui fait que malgré l’apparition des nouvelles chaines, la RTI est toujours cotée et les sponsors suivent parce que leurs plus gros  consommateurs ne sont pas ceux qui vont dans les restaurants huppés mais  ceux qui consomment le plus petit de leurs produits à l’intérieur. Nous avons donc décidé de rester sur ce segment. Moyennement urbaine car nous avons des réponses avec la 3 qui est là pour contrecarrer les autres. La RTI et la RTI 2 sont plus focus sur l’intérieur du pays. Variétoscope va donc parcourir, tout comme Wozo Vacances qui est déjà parti, la Côte d’Ivoire profonde pour que les populations de ces zones ne se sentent pas exclues de tout ce qui se passe à Abidjan.

La base de Variétoscope que le public connaît, notamment les chorégraphies et les faits coutumiers ne changent pas alors ?

La base de Variétoscope reste avec comme ajout le concours des questions-réponses des thèmes de l’actualité car nous n’avons pas envie de fabriquer uniquement une génération de danseurs, mais aussi une génération qui allie la danse et l’intellect. Ensuite, nous avons demandé aux membres du jury qui sont pour la plupart des professeurs d’université de nous sortir 25 faits historiques et coutumiers puisque nous aurons 25 groupes pour les manches éliminatoires pour  ne pas avoir de faits qui se répètent. Nous revenons aussi au système de la miss. Mais cette année, les miss doivent s’habiller dans les tenues des régions qu’elles représentent. Ce sont le fondamentaux qui reviennent pour permettre à cette jeune génération qui n’a pas connu cette émission de la découvrir. Et démontrer aux jeunes qu’il y a autre chose à voir car nous avons aussi un rôle d’éducateur.

Outre Variétoscope,  vous proposez aussi le grand bal du vendredi… Comment est venue l’idée ?

Il y a une génération qui aime le  coupé décalé et de zouglou, mais il y a aussi ceux qui aiment cette musique-là qui est l’essence même de la musique ivoirienne. Lorsque nous avons déposé le projet des grandes voix, le DG m’a dit que lorsqu’il était jeune, son père lui faisait écouter Mamadou Doumbia. C’est de là qu’est partie l’hommage des grandes voix. Pour préparer l’émission sur Mamadou Doumbia, j’ai dû faire des recherches, rencontrer ses enfants et des gens qui l’ont connus. Quand je vois une femme comme Aicha Koné qui est célébrée de son vivant à travers des interprétations de ses chansons et qu’elle pousse la chansonnette avec cette nouvelle génération, je crois qu’il n’y a pas mieux. Et nous sommes heureux de contribuer à cela. Nous sommes en train de nous équiper pour aller enregistrer les grandes voix à l’intérieur du pays, des dans régions où il y a eu des grandes voix. Par exemple, dans le pays Agni, il y a eu "Les Cantadors de la Capitale" que les enfants ne connaissent pas. Eba Aka Jérôme vit encore, nous allons faire de grandes émissions avec eux pour que la jeune génération les découvre.

Vous êtes aussi au Burida. Comment ça se fait ?

Je fais partie des plus gros producteurs de phonogrammes en Côte d’Ivoire après le vieux Badmos, Claude Bassolé, Constant Anagonou. J’ai produis à l’époque plusieurs artistes tels que Sakoloh, l’album Jala de Joëlle C, Espoir 2000 et plusieurs chanteurs tradi-moderne. De par ma position d’animateur télé, je ne pouvais pas faire valoir ma position de producteur. Comme je ne suis plus véritablement agent de la RTI, j’ai pris ma casquette de producteur et c’est ça que le Ministre de la culture d’alors, Maurice Bandaman m’a ajouté sur la liste des membres du conseil de gestion, avec à sa tête Tiburce Koffi, pour réfléchir sur les nouveaux textes. J’ai été désignée comme vice-président.

Revenons à l’affaire qui vous a opposé à la chanteuse Vitale et qui a créé le buzz sur les réseaux sociaux il y a quelques temps…

Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je dis toujours ce que je pense, sans faux fuyant. Lorsque nous étions à l’école de journalisme à Bordeaux avec mon ami Brou Aka Pascal, nous nous sommes dit que nous sommes tellement francs que nous ne pourrions pas être journaliste politique. Pascal est devenu journaliste sportif et moi j’ai choisi de me spécialiser en animation et production d’émissions de variété. Les promotionnaires qui font de l’info étaient surpris de notre choix. Ce que j’ai dit à Vitale, ce n’était nullement dans le but de l’insulter. Peut-être que j’ai été brute, mais c’est tout moi. Mais je crois que vers la fin, elle a compris que je ne lui voulais pas de mal. Je voulais juste qu’elle apprenne à chanter.

Peut-être aussi que le contexte était mal choisi…

Je pense que c’est parce que les réseaux sociaux ont fait de la récupération. Sinon, après, elle a pris contact  avec David Tayorault pour dire qu’elle veut apprendre à poser sa voix. Je vous donne un exemple. Nous avons produit Antoinette Allany pour faire un album dont la chanson  "Nafaya" a été utilisée pour faire Variétoscope. Nous avons enregistré dans des conditions  laborieuses. Lorsque nous avons fini l’enregistrement, elle m’a dit qu’elle voulait apprendre à chanter. Elle l’a fait et lorsqu’elle a fini, elle m’a demandé de la programmer pour un live sur une émission à la télévision. C’est comme le journalisme, tout le monde écrit sur les réseaux sociaux et se croit journaliste, mais il y a des règles. Et si tu ne les connais pas, tu ne peux pas t’en sortir. C’est donc un conseil que je lui ai donné. Lorsque nous nous sommes retrouvés au spectacle de Digbeu Cravate, je lui ai dit que je ne voulais pas lui faire du mal. Mais si ce que j’ai dit l’a vexé, je lui demande pardon. Je voulais juste qu'elle prenne son travail au sérieux parce qu'elle n’a pas un autre métier. Là, j’apprends qu’elle prend des cours de chant. Je suis heureux de savoir que Vitale apprend à chanter. Si elle décide de faire un concert, moi-même je serai là-bas pour l’aider.

Hormis les activités à la RTI et au BURIDA, que faites-vous d’autres ?

Je suis planteur de palmier à huile. Je suis même président du conseil d’administration de la coopérative des planteurs de palmier à huile du Haut Sassandra.

Solange ARALAMON

Partarger cet article

En lecture en ce moment

Lutte contre l’excision et le mariage forcé : Naky Sy Savané s’engage à travers la campagne "Atégban- ça ne chauffe pas"

Un forum économique sénégalo-ivoirien prévu en 2020 à Abidjan