Interview ( Sylla Adama , President de l’UCE-PAIS) : »Nous luttons pour sortir l’informel de la précarité «





interview-sylla-adama-president-de-luce-pais-nous-luttons-pour-sortir-linformel-de-la-precarite


Propriétaire de plus entreprises ,Sylla Adama est le président de l’Union des Chefs d’entreprise-Protéger Aider Informer et Servir ( UCE-PAIS).Dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée ,le jeune chef d’entreprise aux multiples firmes nous dévoile les grandes ambitions de l’UCE-PAIS ainsi que les prochaines grandes activités à mener .Il nous envoie également au coeur de son concept « Changement Positif » sans manquer d’insiter sur la quête de la paix indispensable au rayonnement de toute activité .

 

Qu’est-ce qui a motivé la naissance de l’UCE-PAIS?

 

Je suis un chef d’entreprise, PDG de King Immobilier, PDG de Synam Commerce.Je suis associé de MINPY puis membre de la Chambre de commerce de Côte d’Ivoire, Secrétaire Général de l’Initiative Citoyen du Secteur Privé.Je suis un peu dans tous les secteurs d’activité .C’est la combinaison des expériences issues de toutes ces casquettes qui m’a donné de créer l’union des chefs d’entreprise pour qu’ ensemble nous puissions aller de l’avant et impulser le changement.

D’où êtes-vous parti pour arriver à vous forger ce statut d’incontournable homme d’affaires ?

Je suis un jeune ivoirien qui a eu la chance de se rendre très tôt aux USA dans les années 92/93. Ainsi, j’ai profité pour poursuivre mes études secondaires. J’ai créé ma première entreprise avec l’aide d’un américain qui était comme mon père c’est à dire mon tuteur. Nous avions mise en place une société de peinture ( rénovation) dans les années 95/96 où les américains avaient commencé à innover à Harlem parce que cette localité était un peu délabrée. Mon ami était le consiège des bâtiments de Harlem de la 125 jusqu’à la 128. Donc le conseiller m’a approché vu qu’il avait un marché et il m’a pris comme peintre alors j’ai participé à la rénovation de Harlem dans les années 96 jusqu’à 98. C’est ainsi que j’ai monté ma première boîte qui était une société de peinture avec mon tuteur qui est actuellement le manager de « New York Housing » En 2019 ,quand j’étais à New York ,nous sommes revus et nous avons renoué les contacts .Ainsi se résume mon parcours.

 

C’est donc votre expérience des États-Unis et d’autres pays visités que vous venez mettre au service des entreprises ivoiriennes ?

Je peux dire que l’expérience compte mais c’est la volonté avant tout. Je ne suis d’ailleurs pas le seul ivoirien qui aie fait le tour du monde .Maintenant cela dépend de tout un chacun. Moi, je veux un changement positif pour mes jeunes frères parce que l’aventure n’est pas facile .Nous avons eu la chance d’aller peut-être plus jeune, nous avons eu la chance d’avoir des familles qui avaient le minimum pour pouvoir nous permettre de voyager, d’aller apprendre .Je suis un peu meurtri quand je vois nos jeunes frères qui prennent l’eau pour aller à l’aventure qui sont en Europe, en France qui traînent dans les rues et c’est plus triste. Maintenant j’ai trouvé qu’il était important que je rentre afin de participer de manière positive avec la petite expérience que j’ai eue de mettre au profit de mes concitoyens ivoiriens et africains .Et je pense que si je commence il y a peut-être d’autres frères qui sont plus expérimentés que moi qui apporteront un plus. Et ensemble nous allons devenir plus fort .Donc si tous ceux qui vont apprendre à l’extérieur et par la suite rentrent ,et essaient de faire un changement,alors nos jeunes frères qui sont ici ne s’adonneront plus à l’immigration clandestine pour aller en France ou aux USA. Ils diront que nos frères et sœurs sont partis et revenus pour aider au développement donc nous pouvons rester ici et faire pareil. Je pense d’abord que c’est une question de volonté c’est ce que j’essaie d’inculquer à ma population ,à mes connaissances et à mes jeunes frères que nous rencontrons dans différents domaines d’activités.

 

Quels sont les objectifs de l’UCE-PAIS?

L’un de nos principaux objectifs ,c’est d’en finir avec la précarité et rendre les entreprises formelles . Notre organisation œuvre ardemment au plein épanouissement de tous les entrepreneurs dans leurs domaines d’intervention. Et avec le crise sanitaire que nous vivons, honnêtement ce n’est pas facile pour nous parce que les charges s’alourdissent et lorsqu’il n’y a pas d’entrées cela devient plus compliqué. Nous sommes en dessous du rendement que nous réalisons car la situation est bien présente et tout le monde le ressent dans tous les domaines d’activités. Donc d’ici le mois d’août, nous allons reprendre les activités puis la sensibilisation et l’objectif reste le même faire la promotion des nouvelles valeurs ivoiriennes et partager l’expérience qu’on a et montrer que par le travail nous pouvons réaliser beaucoup de choses même avec peu de moyens.

Combien d’entreprises comptez vous aujourd’hui?

Alors pour le moment nous sommes à plus de 500 entreprises. Officiellement plus de 500, il y’a plusieurs chefs d’entreprises, nous pouvons aller jusqu’à 1000. Vous savez en Afrique les gens parlent ,mais quand il s’agit de lever des cotisations pour aider les autres cela devient plus compliqué. Officiellement nous sommes à plus de 500 entreprises et officieusement nous sommes plus de 1000 mais le problème n’est pas à ce niveau. Le problème est que moi ma vision c’est que nos jeunes frères qui sont dans l’informel sortent de la précarité . J’estime qu’il faut investir plus dans l’informel pour équilibrer le portefeuille de l’Etat.C’est pourquoi ,nous lançons toujours l’appel au gouvernement pour qu’il entre en contact avec nous pour qu’ensemble nous puissions trouver un bon tandem pour faire sortir de la misère nos jeunes frères qui sont dans la mécanique, les lavages de véhicules, les salons de coiffure. Bien vrai qu’ils soient en association cela n’est pas suffisant.Ils ne peuvent pas bénéficier de leur travail dans ces conditions.Vous allez dans un garage, il y a près d’une vingtaine de personnes ,ce sont des chefs d’entreprise mais ils ne le savent pas parce qu’il y a le chef mécanicien suivi de quelques personnes.Il y a le chef tôlier qui est là ,le chef électricien également. Et tous ceux-là sont des entrepreneurs.Comment faire en sorte qu’ils bénéficient de leur travail? Dans notre organisation nous leur proposons déjà des stratégies pour les aider .Des stratégies que je ne vais pas dévoiler ici .

 

Selon-vous qu’elles sont les principales difficultés des entreprises ivoiriennes ?

Je ne peux pas vous dire dans le détail les difficultés de chaque entreprise mais ce qui nous revient couramment c’est la gestion dans la mesure où les entreprises se créent mais n’ont pas de succès.Elles ne dépassent pas 1 an d’existence puisqu’elles n’ont pas les bases, pas de formations et ne savent pas comment gérer les finances. En effet ,une entreprise c’est la gestion des finances.C’est beau de créer une entreprise mais il faut avoir un encadrement juridique et financier qui suivra les entrées et tous.Car après 1 an d’activité,si tu ne connais pas les entrées et les sorties ,vous faites comment quand les impôts vous tomberont dessus?Cela devient plus compliqué. Donc au sein de l’union, nous accompagnons les jeunes chefs d’entreprises pour les sortir de l’informel et leur proposons des formations avec nos collaborateurs qui ont des cabinets d’expertise. Ils nous aident à maintenir le fonctionnement parce qu’il est important de savoir ce que nous faisons. De nombreuses d’entreprises diront qu’elles rencontrent des difficultés vu qu’elles ne maîtrises pas la gestion des finances ,leurs entrées et sorties. Maintenant je crois que ça va aller mieux, il faut qu’on travaille sur cet aspect.

Qu’attendez-vous de l’Etat de Côte d’Ivoire ?

Nous UCE-PAIS ,attendons de l’Etat qu’il ait des oreilles plus attentives pour nous les jeunes entrepreneurs qui faisons la promotion des nouvelles valeurs .C’est important parce que ça fait plus de 40 ans que nous sommes présents. Moi j’aurai bientôt 45 ans et j’ai commencé à entreprendre depuis l’âge de 16 ans.Cela veut dire qu’il y a de la volonté, nous avons les moyens physiques mais pas les moyens financiers .Et je pense que l’Etat abat un déjà travail colossal pour les PME .Mais il peut faire mieux. Il doit être à notre écoute car nous sommes sur le terrain .Or l’Etat ,lui ne peut pas être partout à la fois .Mais si il y a des structures bien organisées comme nous qui sommes sur le terrain, l’Etat peut nous approcher pour qu’on puisse travailler ensemble et aller de l’avant. L’Etat a tout à gagner car quand un entrepreneur sort de l’informel c’est l’Etat à la vérité le grand bénéficiaire .Ce n’est pas le chef d’entreprise parce que nos entreprises sont déjà encadrées par des lois, nous payons ce que nous devrons payer et l’Etat doit nous aider à réaliser ce projet.

Dans l’atteinte de vos objectifs avez-vous des partenaires à l’international pour vous aider?

Oui nous avons des partenaires internationaux. J’ai eu la visite d’un jeune frère qui était à Londres avec son ONG Africa Revo qui nous a soutenu l’année dernière. Nous avons fait des dons, nous avons aidé des familles. Mais avec le Covid c’est un peu compliqué parce que nos partenaires n’arrivent pas à se déplacer. Vous savez en terme de partenariat il faut qu’ils s’imprègnent de la réalité, nous ne sommes plus dans les anciens systèmes où le partenaire envoyait de l’argent .Maintenant c’est différent. Les partenaires de nos jours veulent être au cœur de leur investissement , c’est pourquoi pour le moment depuis 2020, 2021 les partenaires n’ont pas encore eu la possibilité de venir pour que nous soyons ensemble sur le terrain pour travailler .En début de crise sanitaire, il y a eu beaucoup de soutien avec plein de partenaires. Je peux vous dire que j’ai été l’un des premiers à faire des dons de cache-nez un peu partout dans le district d’Abidjan. Nous avons fait tous les 21 sous-quartiers d’Adjamé, Yopougon, un peu dans les garages parce que moi je partageais aux artisans, aux mécaniciens et les salons de coiffure.Les partenaires sont là mais n’oublions pas que nous sortons du Covid-19 .eJe pense qu’ils seront disponibles à venir nous aider et ensemble nous ferons de grandes choses.

Quelles sont les grandes activités de l’ UCE-PAIS les prochains mois ?

Les semaines à venir déjà, nous avons les activités en collaboration de MINPY que l’UCE-PAIS est entrain de piloter.Il s’agit du marathon international notre dame de la Paix de Yamoussoukro .L’UCE-PAIS est entrée dans le marathon parce que sans paix aucune activité ne peut prospérer et aucune société ne peut fonctionner. Avec le commissaire général qui est un jeune dynamique, un ivoirien aussi chef d’entreprise, épris de paix et lorsqu’il nous a approché moi le président avec nos équipes ,nous avons l’idée intéressante.Nous avons décidé de suivre ce genre d’événement dans la mesure où nous parlons de paix .Car c’est avec la paix que les investisseurs viennent, c’est avec la paix que nous pouvons enlever les chefs d’entreprises dans l’informel, c’est avec la paix que la Côte d’Ivoire peut aller de l’avant. Donc un marathon de cette envergure est l’objectif premier .Nous mettrons le cap après sur la caravane de la mobilisation et de la sensibilisation que nos voulons lancer depuis le début et que nous n’avons pu faire par manque de moyens .Cette caravane s’intitule « Sortir de l’informel c’est maintenant » et elle est toujours d’actualité .Nous cherchons des partenaires pour essayer de voir, de partager, réaliser des plans de communication pour sensibiliser les jeunes ivoiriens, les jeunes africains qui résident en Cote d’Ivoire partout dans le monde. L’UCE-PAIS n’est pas seulement une histoire d’Abidjan, nous sommes entrain d’élaborer des pistes pour mettre dans succursales dans les pays limitrophes comme le Mali, le Burkina. Parce qu’un peu partout dans le monde il y a des chefs d’entreprises comme nous qui ont des ambitions de créer des tandems pour exceller.C’est sur cela, nous sommes entrain de travailler pour aller de l’avant.

 

Quels sont vos rapports avec les structures comme la chambre de commerce ou le Cepici ?

Comme je vous l’ai dit à la chambre de commerce je suis déjà membre, ma société y est enregistrée et le président c’est un papa, un grand frère qui nous donne de bons conseils. Au Cepici le contact est bien noué parce que déjà nous avons des employés déclarés là bas et même les gens de l’informel. Nous avons essayé de leur envoyer des courriers pour discuter avec eux et je pense qu’ils vont nous recevoir d’un moment à un autre. Pareil pour la DGI pour qu’ensemble nous trouvions des solutions pour alléger les frais d’inscription au Cepici, aux impôts pour nos jeunes frères qui sont un peu dans l’informel. Vous voyez que ce n’est pas facile pour un mécano qui sortira de l’Informel quand tu lui dis va à l’impôt il dira qu’il ne gagne pas assez et qu’il devrait donner aussi là-bas. Alors nous devrons trouver le juste milieu afin que tout le monde soit satisfait.Ce, pour qu’un minimum puisse entrer dans les caisses de l’Etat.C’est l’objectif de l’UCE-PAIS.

Vous parlez plus de l’informel .Les entreprises dûment constituées ne vous intéressent pas?

Bien sûr!Ce sont les entreprises constituées qui font qu’on gagne le minimum pour aller au secours des informels. Quand je dis nous sommes officiellement 500 ce sont les entreprises légalement constituées qui sont dans tous domaines d’activités .Vous pouvez imaginer, il y’a les pharmaciens, toutes sortes. L’UCE-PAIS c’est l’union des chefs d’entreprises .Et pour faire partie de l’union il faut être chef d’entreprise légalement constituée qui a un DFE, son registre de commerce etc.

Qu’ entendez-vous par changement positif ?

Le changement positif est simple,selon moi. Ce sont des personnes nouvelles qui n’ont rien à avoir avec aucun système et qui développent des idées dont les populations en bénéficient.C’est cela mon concept le changement positif.Moi par exemple , je suis un pur produit de l’hexagone, je rentre en 2016 et je crée mes entreprises Puis je me bats pour que plusieurs personnes en bénéficient. C’est cette promotion que nous sommes est en train de faire pour sortir nos frères de la misère. Parce qu’avec l’union nous vu le nombre important d’entrepreneurs ivoiriens et au passage je remercie Jean Gervais Kiffy-Zié qui a ouvert son palais à la cité Bénie au II Plateaux qui me permet de faire mes rencontres .Je vois des jeunes ivoiriens qui ont des usines de jus, de chocolaterie donc tout cela c’est le changement positif .Mais ensemble nous devrons faire la promotion de nos propres valeurs de manière positive .Cela , différemment de ce qu’on a vu par le passé. Puisque quand nous voulons aller de l’avant, nous devrons savoir oublier le passé puis apprendre de nos anciennes erreurs pour construire une Côte d’Ivoire, une Afrique meilleure pour aller de l’avant.C’est ce concept que nous sommes en train de mettre en place au sein de notre union.

Qu’est-ce que le changement positif peut apporter de nouveau que les dirigeants actuels n’ont pas apporté à la Côte d’Ivoire ?

Cela peut leur apporter un tandem. Grâce à la manière de faire et de voir parce que cela peut l’aider à diminuer la pression. Moi, je veux c’est que l’Etat facilite l’intégration de la promotion des nouvelles valeurs que nous sommes en train de faire .Et l’Etat ne peut que se réjouir de ça. Comme je vous l’ai dit , nous oeuvrons pour sortir l’informel des sentiers battus pour en faire des labels . Quand tu réussis à faire cela,le premier gagnant c’est l’Etat de Côte d’Ivoire.Nous , sans l’Etat nous sommes déjà sur le terrain en train de faire le travail.C’est cela aussi le changement positif. Nous recherchons la marque pour que la cuvette de l’Etat grossisse .Et si nous réussirons ,nous aurons le développement dans l’éducation c’est à dire des écoles de qualité ; des centres de santé de qualité puisqu’il y a un manque à gagner qui commence à entrer. Vous serez plus étonnés avec l’étude que nous avons menée et lorsque vous regardez dans le bouquin plus de 75% de nos jeunes sont dans l’informel .Alors imaginez 75%, ce sont des milliers de centaines de personnes puis imaginez même si nous faisons un forfait de 5000f par mois .Vous savez combien l’Etat gagnera? Alors cela peut faire beaucoup, cela pourra permettre de désenclaver des villages et tout cela fait partie du changement positif. En même temps l’Etat fait ce qu’il a à faire mais chaque citoyen doit apporter sa contribution pour l’évolution de son pays . C’est bien beau d’envier les USA et les autres pays .Mais , eux ils s’activent pour que leur pays avancent .C’est ce combat que nous menons pour chaque ivoirien ait sa part de responsabilité pour l’avancement de son pays. C’est ce que nous devrons apporter et non ce que le pays doit nous apporter puisque nous devrons changer les donnes pour dire que nous sommes tous importants et tout le monde peut faire quelque chose pour apporter un plus à l’évolution de notre pays.

Un dernier mot ?

Au nom de l’UCE-PAIS, je voudrais encourager tous les ivoiriens à cultiver la paix sans cesse .Car sans paix nous ne pouvons rien faire.Nos entreprises ne fleuriront pas .La promotion des nouvelles valeurs ne verra jamais le jour.

 

 

GZ avec Sercom 

 

 

Partarger cet article

En lecture en ce moment

Littérature : Le journaliste Philippe Kouhon présente « Cela vient du cœur… », un livre sur Dominique Ouattara

CAN 2023 : le tirage au sort complet de la phase de poules