Célébration de la journée mondiale des droits de la femme :Christelle Toma "Stop, Ne touche pas à mon enfant "





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Alors que le monde entier célèbre la journée internationale des droits de la femme, les cas  de violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire se multiplient. Avec dernièrement, une aggravation des cas de viols sur mineures. Alors pour cette célébration de la journée internationale des droits de la femme, l’activiste Christelle Toma monte au créneau et sonne l'alerte : "Nous voulons plus qu'un pagne, plus qu'une journée, nous voulons une vie". 

1/ Vous êtes engagée pour la cause des victimes de viol, comment est né votre engagement ?
Je précise que je suis engagée dans la lutte contre toutes formes de violences physiques, morales et/ou sexuelles faites aux femmes et enfants en particulier. Toutefois, face à la montée du phénomène des enlèvements et viols des enfants, j'ai entrepris une campagne de sensibilisation contre le viol.
Alors mon engagement est né à partir d'un cas dont on nous avait fait part en 2015. A l’époque, j’étais chargée de communication de Mme le Maire en exercice pendant ladite période.
Il s'agissait d'un cas de viol en association. 5 jeunes hommes avaient violé une mineure de 14 ans et les commentaires des uns et des autres qui trouvaient que la victime l'avait aussi cherché, ajouté à l'indifférence de toute la communauté m'a carrément révolté. De plus, dans la même semaine,  il y eut 4 autres cas de viols sur des fillettes en bas âges dont une garde à ce jour un handicap. Ça m’a révolté et j'ai compris qu'il fallait faire quelque chose pour ces enfants. Et malheureusement ces cas sont légions.

2/ Il existe des cas de viol portés à la connaissance du grand public, mais dans bien des cas ce sont des douleurs silencieuses. Avez-vous eue cas de ces victimes dans l'ombre?
Oui plusieurs fois même mais permettez que j'en cite deux cas. Il s'agit d'une petite orpheline de père et de mère qui vivait avec sa grand-mère.
La pression était tellement forte selon les dires de la grand-mère qu'elle a accepté un règlement à l'amiable dans lequel le violeur devait prendre les soins de la petite en charge. Une décision qui a été prise par les chefs traditionnels.
Mais 6 mois plus tard, toujours pas de soin. La santé de la petite se détériore, le ventre enfle la petite est gravement anémiée. C’est alors que la grand-mère prit peur et vint me rencontrer !! 
Heureusement,  Dieu nous a fait grâce nous et  avons pu la sauver. Pour le second cas malheureusement nous n'en avons pas eût vite échos la petite était constamment violée par son propre géniteur et il l'a déplacé du village à une destination inconnue le temps de la retrouver son état était déjà critique. Et de Binhouye elle a été évacuée à Zouanhnien puis à Man . Malheureusement à l'entrée du CHR de Man elle a rendue l'âme

3/De façon générale, comment ces faits sont portés à votre connaissances?
Aujourd'hui grâce à mon engagement sur les réseaux sociaux notamment bon nombre de personnes me connaissent comme une combattante alors ces derniers conduisent les victimes à moi soit directement ou pour certains de manière anonyme via les réseaux sociaux Messenger WhatsApp.


4/ On a pu observer ses cas de règlement à l'amiable pour des cas de viol avérés. Approuvez-vous ce type de règlement ?
Je suis catégorique, il n'y a pas de compromis à faire en cas de viol avéré, même si bon nombre de personnes l'ignorent le viol est définit comme un crime.
En effet même si dans certains cas il n'y a pas mort d'homme sur-le-champ sachez le. Le viol est un tueur silencieux .
Je suis donc totalement contre toutes éventualités de régler une affaire de viol à l'amiable !!

5/ Les pesanteurs sociales, le poids des traditions, n'est ce pas là des facteurs qui influencent négativement votre combat?
Malheureusement la majorité de nos chefs coutumiers ont prit la fâcheuse habitude de régler les cas de viols prônant la cohésion sociale selon eux !! 
Au nom de pseudos alliances ils font pression sur la victime et ces parents en leurs disant qu'envoyer le coupable en prison c'est gâcher la vie de ce dernier pour rien!
Du coup les rôles s'inversent la victime culpabilise et devient le bourreau et vice versa.

6/Avez-vous déjà été confronté à ce type de situation ?
Malheureusement les cas sont légions et malheureusement c'est moi qu'on traite de méchante. Simplement parce que je rappelle à la victime qu'elle est dans ces droits. Je me rappelle encore de cette fillette d'ethnie yacouba violée par un peulh. La pression se fit grande sur les parents de la victime qui devaient se rappeler que jamais dans l'histoire un yacouba et un peulh ne devraient se traîner devant les tribunaux !!

7/Quelles sont les conséquences du viol sur la croissance d'un enfant et que sont-elles sur une personnes majeures ?
Les violences sexuelles chez les enfants ont de graves conséquences. Elles sont multiples et peuvent durer toute une vie et encore si l'enfant survit. On assiste aux selles qui sortent plutôt par le vagin, elles sont également psychologiques. Certaines zones du cerveau peuvent être atteintes, la peur,  bref elles sont néfastes !!
Les agressions sexuelles vécues à l'âge adulte peuvent mener à des conséquences négatives immédiates et directes telles que des blessures, des traumatismes physiques et malheureusement à la mort!!

8/ En tant qu'activiste pour la cause des victimes de viol en Côte d'Ivoire, comment jugeriez vous la réponse de la justice face aux coupables de viol?
Concernant l'appareil judiciaire franchement je le trouve souple, il y a trop d’impunités. Et je vais être plus explicite.
Souvent on range dans le tiroir de graves histoires sous prétexte que la victime à retirer ou refuse de porter plainte, pourtant les textes sont clairs.
Le procureur de la République ou l'officier en charge de l'affaire a le droit de décider de poursuivre l'auteur d'une infraction surtout quand les preuves sont réunies et que le préjudice causé est énorme !!


9/ Attendez vous beaucoup plus de fermeté de l'Etat, ne serait-ce que l'adoption par exemple de textes plus sévères pour punir le viol?
Ce que nous attendons de l'État c'est plus de mesures concernant les sanctions disciplinaires, la prise en charge psychologique et médicale effective car sur le terrain les victimes sont confrontées à trop de difficultés. Par exemple, le coût du certificat médical qui n'est pas à la portée de la pauvre vendeuse d'eau glacée.
Nous voulons plus qu'un pagne, plus qu’une journée nous voulons une vie!!

10/ À la veille du 08 Mars qui célèbre les droits de la femme dans le monde, vous lancez une campagne dans laquelle vous inviter à délaisser le pagne officiel de cette célébration au profit d'un tee-shirt qui interpelle sur la situation des enfants violées. Raconter nous l’objectif de cette campagne.

L'objectif de porter un tee-shirt est d'interpeller l'Etat. Nous ne pouvons pas fêter quand certaines sont en deuil, subissent la douleur d'être privé de leurs progénitures… Être femme c'est donner la vie. Que  célébrons nous quand ces vies sont bafoués, arrachées ? Nous sommes dans le mois commémorant la disparition du petit Bouba et pourtant le tableau est toujours noir nous ne pouvons plus faire semblant de fêter pendant que nos sœurs souffrent en silence !! Nous disons non être femme c'est aussi voir son enfant grandir d'où le concept du t-shirt #Ne_touche_pas_à_mon_enfant#

11/Avez-vous des actions à mener dans le futur pour intensifier votre lutte passée la célébration du 08 Mars? Avez vous un appel à lancer aux autorités, aux populations...
Oui il y a beaucoup à faire voilà pourquoi j'invite toutes les femmes à se procurer le t-shirt car ce combat n'est pas que pour le 8mars nous allons intensifier les campagnes de sensibilisation jusqu'à ce qu'il y ait des résultats. Nous préparons, mon staff et moi pour Avril prochain, le lancement des activités d'une ONG engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes et enfants dont je suis l'un des membres fondateurs . Nous sommes également entrain de mettre sur pied le collectif Ne touche pas à mon enfant . J'invite toutes les femmes de CI à nous rejoindre car c'est ensemble qu'on sera plus fort.
L’une de nos plus grandes priorités est la création d'un refuge, d'un centre d'écoute qui puisse accueillir les victimes.

GZ avec Sercom

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