Hausse de 11,7 % du budget : l’Ivoirien doit-il craindre pour sa poche ?





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Les députés s'assureront-ils que le budget 2025 tient compte des réalités des populations ?



Lors du compte-rendu hebdomadaire du dernier conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a présenté le projet de budget 2025 de la Côte d’Ivoire, s'élevant à 15 392,2 milliards FCFA, contre 13 720,7 milliards en 2024. Cette hausse de 11,7 % pourrait sembler être un signe d'embellie économique, mais les Ivoiriens doivent-ils s'inquiéter pour leur portefeuille ?

Pour répondre à cette question, il convient de rappeler que le budget de l'État est établi en fonction des dépenses publiques prévues pour l'année, tout en tenant compte des recettes publiques nécessaires à leur financement. Comme nous l'a confié un économiste en poste dans une institution financière internationale, une augmentation du budget implique donc une hausse des dépenses, entraînant un besoin équivalent d'augmentation des recettes.

Or, la Côte d'Ivoire aborde, selon lui, la nouvelle année budgétaire avec un déficit. Le porte-parole du gouvernement a reconnu que le projet de budget pour 2025 vise à réduire le déficit budgétaire à 3 % du PIB, conformément au seuil de l’UEMOA, ce qui indique que le pays ne respecte pas encore cette norme communautaire. Il est donc impératif, ajoute notre source, de trouver des fonds pour régulariser ce déficit avant le vote du budget.

Dans ce contexte, qui financera le budget ? L’État aura probablement recours à des emprunts, à une augmentation de la fiscalité et à des réductions de certaines dépenses. Mettons de côté les satisfécits politiques du FMI pour se concentrer sur la réalité. Avec une dette atteignant près de 60 % du PIB, nous explique un autre expert en la matière, la Côte d'Ivoire est mal perçue sur le marché du crédit. En effet, le pays doit contracter des emprunts pour rembourser d'autres dettes, illustrant la stratégie parfois infructueuse de « prendre crédit pour payer crédit », comme on dit à Abidjan.

Dans une parution en date du 16 juillet 2024 intitulée « 11,7 milliards $ de dette intérieure à payer d'ici 2026 », l’agence Ecofin révélait : « La Côte d'Ivoire prévoit de s'endetter davantage à l'extérieur, dans la mesure où la valeur actualisée des remboursements totaux qui en découleront ne dépassera pas 6 milliards de dollars (ndlr : environ 3 584 milliards FCFA) au 31 décembre 2024. Il s'agit d'une projection dont la mise en œuvre sera à suivre de près. Les autorités ont retenu un taux d'actualisation de 5 %. Cela impliquerait que pour 2024, le total des emprunts prévus sur le marché international, y compris ceux de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) libellés en francs CFA, estimés à 6,46 milliards de dollars (ndlr : environ 3 858 milliards FCFA), bénéficie d'un taux d'intérêt moyen compris entre 4 % et 6 %. Cependant, l'obtention d'un tel taux dépend de plusieurs facteurs sur lesquels la Côte d'Ivoire n'a pas un contrôle total. »

Au regard de ces chiffres, une telle hausse du budget s'avère-t-elle judicieuse ? Par ailleurs, 2025 sera une année électorale nécessitant d'importants moyens financiers, nous fait remarquer notre interlocuteur. Nous pouvons donc nous attendre à une pression fiscale accrue sur les entreprises, à la fin de nombreuses exonérations et à une hausse des prix des produits pétroliers. L’Ivoirien devra donc se préparer à attacher sa ceinture. A moins que...


Modeste KONÉ

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