Utilisation du mercure dans l'exploitation minière artisanale : un site reçoit la visite des journalistes pour en savoir plus sur la recherche de l’or





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Des journalistes, en présence des membres de planetGOLD et de certains orpailleurs sur le site Kikrambo 1



Une dizaine de journalistes ivoiriens a exploré l'univers de l'exploitation minière grâce au projet planetGOLD, le jeudi 29 août 2024, dans le village de Kikrambo, situé à 19 km de Bouaflé, dans la région de la Marahoué. Cette visite faisait suite à l'atelier qui s'est tenu, le mercredi 28 août 2024, au Palm Club Hoteld’Abidjan-Cocody et qui visait à informer les médias sur l’utilisation du mercure dans l’exploitation minière artisanale à petite échelle. 

Ce jour-là, les journalistes ont pris la route pour Bouaflé à bord d'un minibus, avec pour destination la localité de Kikrambo, un grand village de plus de dix mille habitants. Une fois arrivés, ils ont été répartis en deux groupes et transportés jusqu’au site à bord de pick-up double cabine. Le premier constat a été la difficulté d’accès, car la voie est non bitumée et parsemée de nombreuses crevasses.

Dès qu’on atteint le site, on aperçoit une plantation d’hévéa. Des agents de sécurité, en tenue noire, filtrent les entrées. À quelques mètres de là, des femmes, le corps couvert de boue, tamisent l’eau boueuse dans l’espoir de trouver de l’or. C’est avec étonnement que les journalistes arrivent sur le site.

L’tilisation du mercure et du cyanure interdit

Douin Kogni Richard, exploitant minier artisanal, a accueilli la délégation à Kikrambo 1, situé à 4 km du village. Il a expliqué que ce site a été acquis légalement avec une autorisation coutumière et administrative, et a insisté sur le fait que l’utilisation du mercure et du cyanure est interdite. Il a également détaillé les démarches nécessaires pour obtenir les documents légaux pour l’exploitation d’un terrain : « Pour exercer légalement sur un site, il faut rechercher le terrain et suivre les protocoles des propriétaires terriens et administratifs. Les documents proviennent directement d’Abidjan. Pour ce site, nous avons reçu l’autorisation d’exploitation en 2024, et les travaux ont débuté il y a 2 mois. La superficie du terrain exploité est de 25 hectares. Le prix de l’or est fixé par un bureau d’achat : aujourd'hui, le gramme est à 40 000 FCFA et le kilogramme à 40 000 000 FCFA. La détection de l’or se fait par sondage et prospection. Nous veillons à ce que les jeunes travaillent sans mercure ni cyanure, car ces produits sont toxiques. Nous sensibilisons nos jeunes pour qu'ils ne les utilisent pas sur ce site », a-t-il déclaré.

La recherche d’or comprend plusieurs étapes. De la recherche d’un sol fertile à l’extraction du sable, celui-ci est ensuite remis aux femmes pour filtration afin de rechercher l’or. Pour une explication plus détaillée, les journalistes ont interrogé un des creuseurs. « Je suis D., âgé de 30 ans. J’exerce ce métier d’orpailleur depuis 2014. Ici, nous sommes appelés les « clandos » (ceux qui creusent les trous). Ce travail n’est pas facile, mais il nous permet de subvenir aux besoins de nos familles. Nous creusons les trous avec des outils en espérant obtenir des résultats. Pour mieux travailler, nous avons besoin d'eau. Nous nous rendons au fleuve Bandama et, à l’aide de motopompes, nous recueillons l’eau pour alimenter nos bassins. Cette eau est renouvelée chaque jour pour éviter la pollution. Si la terre est fertile, nous pouvons obtenir jusqu’à 100 000 FCFA par jour après la vente de l’or. Les acheteurs se rendent sur place pour acheter l’or, que nous évaluons à 40 000 FCFA le gramme. Nous n’utilisons pas de produits chimiques comme le mercure et même l’eau que nous utilisons est sans produit chimique », confie ce jeune orpailleur ivoirien.

Le président des clandos, Djê Bi Trah, âgé de 32 ans, a également expliqué que leur travail consiste à creuser le sol jusqu’à près de 15 mètres avec des outils légaux. « Nous sommes les creuseurs, nous descendons dans le « Daman » (trou en malinké). Nous pouvons creuser jusqu’à 15 mètres pour chercher du bon sable. C’est risqué, mais nous le faisons. Ensuite, nous donnons le sable obtenu aux « kolikêla » (les laveuses d’or en malinké) pour le laver et le filtrer afin d’obtenir de l’or. Ce travail est minutieux et difficile, mais nous nous accrochons. Ici, nous n’utilisons ni mercure ni cyanure, car le patron l’a interdit sur ce chantier », précise-t-il.

Le travail des kolikêla consiste à filtrer et laver le sable pour extraire l’or. Comme l’explique l'une d’elles : « Aujourd’hui jeudi est mon deuxième jour de travail sur ce site. Lorsque les creuseurs font sortir le sable du trou, nous recueillons ce sable pour le filtrer avec de l’eau propre. Nous utilisons de petits pots en caoutchouc pour faciliter le travail. Tout ce processus se fait sans produit chimique. Ensuite, nous remettons aux creuseurs ce que nous avons obtenu, soit des morceaux d’or soit du sable. En fonction des gains après vente, ils nous remettent parfois 20 000 FCFA ou 30 000 FCFA. Je fais ce travail de temps en temps pour gagner un peu d’argent », indique M.L., âgée de 31 ans.

Cette visite a permis aux journalistes de mieux comprendre les enjeux de la recherche d’or tout en vérifiant que les ouvriers n’utilisent pas de mercure. Le projet planetGOLD, financé par le Fonds environnemental mondial (FEM), durera cinq ans.

 

Sonia FÊTÈ

 

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