Appel de Bonoua : Gbagbo réussira-t-il à rassembler l’opposition autour de lui ?





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Gbagbo a fort à faire pour que son appel soit entendu



Pour sa première sortie publique depuis son investiture en tant que candidat du Parti des Peuples Africains–Côte d'Ivoire (PPA-CI) pour l’élection présidentielle de 2025, Laurent Gbagbo, président du parti, s’est rendu à Bonoua, ville de Simone Gbagbo, le dimanche 14 juillet 2024.

Lors de cette rencontre avec les populations abouré, Laurent Gbagbo a lancé un appel que l’on pourrait nommer « l’appel de Bonoua », invitant les forces politiques opposées au pouvoir en place à se rassembler afin de s’assurer que « ce pouvoir ne soit plus là en 2025 ».

« Je vais profiter de la terre de Bonoua pour dire à tous les hommes politiques que j’ouvre les bras. Tous ceux qui veulent un rassemblement clair, politique et sain pour battre ce gouvernement, je les attends », a-t-il déclaré, tout en mettant en garde contre toute tentative de manipulation.

Il a également exhorté ses collaborateurs à ne pas rejeter ceux qui se présentent à eux. Dans cette optique, il a désigné l’ancien ministre de la Réconciliation nationale, Sébastien Dano Djédjé, comme le seul interlocuteur pour fédérer les différentes tendances.

Cet appel est censé inciter l’opposition à former un front uni contre le parti au pouvoir. Cependant, depuis son lancement, peu de progrès tangibles ont été observés.

Parmi les leaders de partis politiques, seule Danièle Boni-Claverie, présidente de l’Union pour la république et la démocratie (URD), a « salué cet appel » et souhaité qu’il soit entendu par les partis de gauche. Elle a toutefois exprimé le souhait que le PPA-CI ne reste pas seulement les bras ouverts. Que son leader, Laurent Gbagbo, sache aussi tendre la main.   

En revanche, au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam, au Mouvement des Générations Capables (MGC) de Simone Gbagbo, au Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan, au Cojep de Charles Blé Goudé, c’est silence radio.

Du côté de la société civile, Pulchérie Gbalet, présidente d’Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI), s’interroge sur les stratégies mises en place par Gbagbo pour que son appel soit entendu.

Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire le 17 juin 2021 n'a en effet pas été marqué par une grande cohésion des forces qui constituaient La Majorité Présidentielle (LMP) de 2010. Il a divorcé de son épouse Simone Gbagbo, qui a ensuite fondé le Mouvement des Générations Capables (MGC).

En son absence, le FPI, son parti d’alors, était en proie à des querelles de leadership en interne. L’annonce de son retour apparaissait comme la clé pour décanter toute cette crise qui plombait le parti. Que non. Les palabres se sont accentuées et il a rompu avec son ancien Premier ministre, Pascal Affi N'Guessan, après une lutte pour le contrôle du Front Populaire Ivoirien (FPI). Mamadou Koulibaly, un de ses fidèles lieutenants, fait chemin à part. Son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, avec qui il a partagé les geôles de la Cour pénale internationale (CPI), ne l’a toujours pas rencontré.

Appel tardif

Pour plusieurs observateurs politiques, l’appel de Laurent Gbagbo intervient tardivement. L’on se rappelle que lors d’une conférence de presse, il avait même déclaré que son rôle n’était pas d’unir la gauche mais de conduire son parti au pouvoir. Une déclaration qui avait déçu nombre de ceux qui voyaient en lui « le messi » qui allait recoller les morceaux.

Toutefois, de notre point de vue, pour que cet appel soit entendu favorablement, Laurent Gbagbo devra prendre les devants en rencontrant les partis politiques de l’opposition et la société civile pour leur expliquer la logique de sa démarche. On ne lui demandera pas de se déplacer lui-même, ce qui pourrait accélérer les choses d’ailleurs, mais d’envoyer son unique interlocuteur désigné vers ces groupements politiques. Sinon, il est probable que cet appel reste lettre morte, ce qui profiterait au parti au pouvoir lors de l’élection présidentielle de 2025. Et ce serait dommage pour l’opposition qui aura eu toutes les cartes en main pour renverser la tendance.

Lambert KOUAME

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