Un leader de la société civile appelle à la culture de la paix pour « ne plus replonger dans les affres de la division »





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La paix est un tissage perpétuel de relations chaleureuses de bon voisinage basée sur les valeurs humaines et la créativité des uns et des autres pour dépasser les difficultés, un choix de vie où les interactions humaines se fondent sur des élans d’humanité capables d’inverser les tendances à la violence des puissants, des vindicatifs et des personnes en colère, en touchant leur cœur et leur raison. Un choix de vie à la fois individuel, collectif, économique et politique. Konate Cassoum Hardinan, président de la Fondation Paix et Unité en Afrique, dans une interview à l’AIP, appelle à la culture de la paix pour ne plus replonger dans les affres de la division, de la guerre et des conflits.

Vous êtes le président de la Fondation Paix et Unité en Afrique. Quelles sont les activités de votre fondation ?

La Fondation Paix et Unité en Afrique a obtenu son agrément en novembre 2020 et elle est publiée au journal officiel de la république de Côte d’Ivoire le même mois. Elle est née de la volonté d’apporter une contribution aux grands défis que nous vivons de nos jours, à savoir la promotion de la paix, de la démocratie, la défense des droits humains, l’assistance face à la précarité, les droits du genre. Depuis février 2021, nous avons lancé nos activités par des actions sociales largement médiatisées à Anoumambo, à Abobo, Yopougon et Bingerville.

A Bingerville notre action a été menée en partenariat avec l’ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite à l’orphelinat devant plus de cinq cents orphelins. Cette année, nous sommes passés à une autre étape à travers nos journées de la paix, de la cohésion et de l’intégration. Ces journées ont débuté dans la commune d’Abobo et se poursuivront dans de nombreuses autres communes. En plus de tout cela, nous multiplions les contacts avec différents organismes, partenaires et autorités car c’est ensemble et dans la coordination que nous pensons bâtir quelque chose de solide et de durable.

Que signifie pour vous le concept de « Culture de la paix » ?

Aujourd’hui tout le monde parle de paix, de réconciliation. Malheureusement vous remarquerez qu’on ne parle de ces sujets qu’après des périodes de crise, souvent post-électorales pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, qui auront déjà fait des victimes après des épisodes de violence. Tant qu’on essaie de bâtir une paix seulement après des tensions, on court le risque que les mêmes causes puissent produire les mêmes effets à terme. C’est pourquoi nous estimons que la paix doit être notre ADN. Notre manière d’être, de faire, de vivre en société doivent refléter notre penchant non équivoque à la non-violence, au respect d’autrui, à la tolérance, à la solidarité.

Avec le retour du président Gbagbo en Côte d’Ivoire, la remise du passeport de Blé Goudé, pensez-vous que la Côte d’Ivoire a fait un pas de plus vers la réconciliation, la paix et la cohésion sociale ?

Je ne dirai pas les choses de cette manière. Nous sommes tous d’accord que le président Gbagbo est juste rentré chez lui, c’est à dire dans son pays. De même, Charles Bl’ Goudé, avec la remise de son passeport, pourra également rentrer. Ce sont des étapes qui doivent dès à présent ouvrir le chemin pour un dialogue franc entre frères afin que plus jamais le pays ne replonge dans les affres de la division, de la guerre et des conflits de tous genres.

Une rencontre entre Bédié, Gbagbo et Ouattara doit-elle être interprétée comme un signe de paix des braves?

Cette rencontre est à souhaiter et à encourager. Il faut toujours dialoguer si on veut parvenir à un résultat. Rien n’est facile, surtout dans certains domaines. Il faut donc se comprendre avant tout et se faire des concessions. Lorsqu’on discute, il faut savoir donner autant qu’on reçoit.

La ministre des Affaires étrangères, Madame Kandia Camara, lors de la célébration officielle de la 22ème journée mondiale du réfugié, a annoncé la fin du statut de réfugié pour les ivoiriens à partir du jeudi 30 juin 2022. Que pensez-vous de cette déclaration?

A ce sujet la Fondation Paix et Unité en Afrique a fait une déclaration qui doit paraître dans les médias. La Fondation encourage tous les réfugiés à rentrer au pays. Vivre loin de son pays avec un statut de réfugié n’est pas chose facile, moralement, matériellement. On n’est jamais mieux que chez soi.

Quelles pistes de solutions votre fondation propose face aux coups d’Etat en Afrique ?

Il faut tout simplement être à l’écoute de son peuple. La souveraineté appartient au peuple. C’est le peuple qui donne le pouvoir à qui il veut. Lorsqu’on regarde de près le problème des coups d’Etat en Afrique, tout tourne autour de la rupture de dialogue, du fossé grandissant entre le peuple et ses mandataires. Je n’arrive pas à m’expliquer les ruptures du pacte de confiance.

Avec la répétition des crises dans le monde, que pensez-vous des organisations de maintien de la paix?

Il faut peut-être bien étudier la composition de ces missions de paix et privilégier prioritairement non seulement la forte participation du pays d’accueil de ces missions, mais également les pays avec lesquels le pays d’accueil de la mission a des accords de coopération. C’est un point de vue. Par la suite le rôle de chacun devra être bien défini.

La Côte d’Ivoire organise en 2023 des élections locales et les présidentielles en 2025. Quelles dispositions avez-vous arrêtées pour accompagner ces élections ?

Des élections sans violence, c’est possible. Les élections ne doivent plus être des moments de tension et de conflits entre frères et sœurs de ce pays. Les tensions sociales, à l’occasion des élections, sont consécutives à la division entre acteurs politiques. Nous envisageons des rencontres avec les hommes politiques et les jeunesses de tous les partis. Il faut encourager les discussions entre les hommes politiques sur les sujets de préoccupation majeure. Au-delà de tout cela, nous sommes en train d’élaborer un programme de renforcement des capacités d’anticipation des communautés à forte densité ethnique. Tous, ensemble, nous pouvons apporter notre contribution à l’édification d’une paix bien élaborée.

(AIP)

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